Le risque de la répétition est présent à bien des tournants de A Quiet Place: Day One, antépisode dont le concept de base a déjà été particulièrement bien exploité par John Krasinski sur deux longs métrages. Surtout, les images de la ville de New York en ruines à la suite d'un quelconque événement cataclysmique sont devenues plus monnaie courante par les temps qui courent que celles d'un Big Apple vibrant de vie.
Nous exagérons à peine...
Ayant repris les rênes pour ce nouveau tour de piste nous amenant à l'origine de l'invasion orchestrée par une horde d'extraterrestres à la vue déficiente, mais à l'ouïe très développée, Michael Sarnoski (qui nous avait donné l'excellent Pig en 2021), débute déjà avec la bonne idée de transposer ce scénario reposant sur la nécessité d'un silence absolu dans les rues et les édifices de l'une des métropoles les plus bruyantes qui soit.
Nous sommes d'abord introduits à Samira (Lupita Nyong'o), une femme menant un long combat contre la maladie dont chaque jour pourrait être le dernier.
Lors d'une rare escapade en ville, l'ex-écrivaine se retrouve au coeur du chaos et de la destruction semés par les créatures voraces avec lesquelles nous sommes déjà familiers. Tandis que les opérations de secours s'organisent, Samira est plutôt résolue à demeurer en ville pour jouir une dernière fois d'un de ses petits plaisirs de la vie avant de trépasser.
Le chemin de Samira croise à un certain moment celui d'Eric (Joseph Quinn), un étudiant en droit britannique qui décide de la suivre, n'ayant nulle part où aller ni personne à retrouver. Au fil de leurs discussions, Eric décide d'aider sa nouvelle amie à réaliser son ultime souhait, et le duo s'engage dès lors dans un dangereux périple vers Harlem.
Krasinski et Sarnoski tiennent visiblement en haute estime la remarquable adaptation de War of the Worlds que nous avait offerte Steven Spielberg il y a déjà presque vingt ans. A Quiet Place: Day One reprend sensiblement la même dynamique du récit de guerre raconté à hauteur de simples citoyens avec une force de frappe et une éloquence considérables au niveau de la mise en scène, et une empathie marquée par rapport à ses personnages.
Si le spectre du 11 septembre n'est jamais bien loin dans toutes ces images de rues disparaissant sous un épais nuage de fumée grise et de cendres, celui de l'impuissance civile au coeur de tout conflit armé se fait notamment sentir lorsque les survivants sont appelés à se rendre à un quai pour quitter la ville, sortant un à un de leur cachette pour former une masse dont les mouvements font rapidement monter le nombre de décibels.
Si A Quiet Place: Day One regorge de séquences stressantes, exploitant bien l'objectif de devoir garder le silence dans une ville qui en est incapable d'ordinaire, ce qui retient surtout l'attention, c'est la complicité entre les deux protagonistes, et la façon dont ils s'appuient l'un sur l'autre pour s'élever et s'aider à faire fi de leur condition pour passer à travers ce scénario inimaginable.
C'est dans ces moments d'une grande humanité que le film de Michael Sarnoski trouve son souffle le plus significatif, porté par deux acteurs dont la chimie opère parfaitement, menant à plusieurs scènes particulièrement touchantes dans le dernier acte.
Au final, A Quiet Place: Day One accomplit exactement les tâches qui lui ont été confiées, poursuivant ce que les opus précédents ont su mettre sur pied en se concentrant d'abord et avant tout sur les personnages, leur débrouillardise, leur sensibilité, leur égard pour l'autre et leur bonté intrinsèque dans un scénario où tout semble déjà perdu.
Le cinéaste trouve ainsi plus d'une façon de garder la formule en vie, et surtout de légitimer sa continuité, même à l'intérieur d'une mise en scène plus musclée et beaucoup moins suggestive.
Nous devons aussi accorder énormément de points pour le chat portant le nom tout sauf anodin de Frodo, qui vole la vedette à chacune de ses apparitions, et que Sarnoski utilise comme la ficelle lui permettant d'unir et de relier les principaux éléments de son récit.