A Quiet Place Part II a été la première superproduction américaine à avoir été annulée à cause de la pandémie. Étrangement, le film résonne énormément avec la situation actuelle, cumulant les moments d'angoisse, de solitude et d'espoir.
Le long métrage débute pratiquement là où se terminait le précédent : maman (Emily Blunt) doit s'occuper de ses enfants, fuyant des entités destructrices qui repèrent leurs victimes grâce au bruit. Trouver un refuge dans un monde post-apocalyptique ne sera pas évident, surtout qu'il est difficile de savoir si l'on peut faire confiance aux survivants.
Souvent, les suites offrent plus que ce que le client demande, multipliant l'action, les monstres et les effets spéciaux. Ce n'est pas le cas ici, même si l'univers arpenté est forcément plus large et ambitieux en termes d'espace et de personnages. Il ne faut pas s'attendre au syndrome It, Aliens ou The Purge et c'est tant mieux. Surtout que l'esprit du huis clos est encore bien présent.
La création à nouveau écrite et réalisée avec soin par John Krasinski évolue dans la continuité, misant sur le cocon familial afin de véhiculer les émotions. C'est c'ailleurs cette allégorie qui domine les enjeux, ce qui est plutôt rare dans ce type de proposition cinématographique. La quête d'humanité est portée par Millicent Simmonds, toujours formidable en progéniture sourde et muette. En compagnie de l'imparable Emily Blunt, le récit se conjugue au féminin, bien que Cillian Murphy ne s'en laisse pas imposer non plus. Des destins fragilisés qui trouvent sens dans une utilisation habile et astucieuse du montage parallèle.
La scène d'introduction ponctuée de plans séquences donne rapidement le ton, revenant au jour 1 de cette catastrophe. La caméra prend son temps pour dévoiler les êtres, jouer avec la musique du quotidien. Un peu plus et on se croirait devant un opus de Steven Spielberg (Jurassic Park ou War of the Worlds, par exemple). Son ombre plane d'ailleurs partout, comme celle de M. Night Shyamalan dans sa façon de traiter de la foi et de notions religieuses.
Puis l'effort se mute pratiquement en film de zombies. Pas ceux gorgés de CGI et de ralentis de Zack Snyder, mais dans la lignée des jeux vidéos Resident Evil. L'attente se mêle à l'exploration, avec cette menace qui pourrait survenir à chaque moment. La métaphore de l'Homme qui serait parfois plus méchant que la bête n'est toutefois pas nouvelle et l'ensemble ne lésine pas sur les sursauts gratuits et les morts ridicules.
Pourtant l'effort demeure d'une redoutable efficacité. Son atmosphère à couper au couteau pousse à son paroxysme les silences inquiétants, obligeant parfois même le spectateur à chercher son souffle. Une tension qu'alimente constamment la photographie de grande qualité et le travail sidérant sur le son. En guise de respiration, il y a les douces mélodies de Marco Beltrami qui titillent aisément une corde sensible.
Les suites réussies s'avèrent extrêmement rares et A Quiet Place Part II relève l'exploit d'être aussi prenant, terrifiant et divertissant que son prédécesseur. Son manque de surprises pourra jouer en sa défaveur auprès des cinéphiles qui n'ont pas adhéré au succès surprise de 2018. Mais les autres seront comblés par ces haletantes nouvelles aventures familiales vers l'inconnu, qui pourraient très bien résulter en des suites directes ou dans des univers parallèles (ce que devrait concocter le cinéaste Jeff Nichols - Take Shelter, Midnight Special - sur une idée originale de John Krasinski). La série The Conjuring n'a qu'à bien se tenir.