Ces personnages colorés, qui ont tous des défauts de fabrication et qui rêvent d'être considérés comme des égaux aux poupées parfaites qui sortent de l'usine, sont attachants et véhiculent des valeurs de différence et d'acceptation qu'on encourage. Par contre, les dialogues creux, l'humour puéril et les chansons interminables font de la production une triste déception.
La distribution vocale est impressionnante tant aux États-Unis qu'au Québec. Chez nos voisins du Sud, Kelly Clarkson, Nick Jonas, Janelle Monáe, Blake Shelton et Pitbull prêtent leurs voix aux protagonistes, alors que chez nous, Marie-Mai, Ludivine Reding, Kevin Bazinet et Koriass font partie de l'aventure. Toutes ces vedettes ne peuvent malheureusement pas rehausser la qualité de la production, née d'une association entre la Chine, le Canada et les États-Unis. Koriass fait tout de même du bon boulot dans le rôle du chat-chien rappeur, mais on entend un peu trop la Schtroumpfette dans la Moxy de Marie-Mai. Peut-être que la chanteuse aurait dû transformer sa voix davantage afin que le public ne fasse pas ce couplage nuisible d'emblée.
Dans son esprit très enfantin et naïf, UglyDolls nous rappelle le film d'animation Mon petit poney. Contrairement à ce dernier, le long métrage de Kelly Asbury tente pourtant de s'adresser aussi aux adultes, mais il échoue, fâcheusement, à tout coup. Ses tentatives d'atteindre un public plus large nuisent au message destiné aux tout-petits. Les personnages manquent de nuances, tant du côté des gentils que des méchants. Lou est un leader despote, imbu de pouvoir, qui dirige l'Académie de la perfection avec une main de fer alors que Moxy est une petite peluche rose adorable qui rêve d'une vie meilleure et qui n'abandonne jamais.
Les nombreuses chansons qui parsèment le récit sont beaucoup trop littérales et trop longues. Les enfants n'ont pas besoin d'un résumé chanté de la situation pour la comprendre et encore moins leurs parents, qui se découragent lorsqu'une musique s'amorce insidieusement; pas encore une autre chanson! Certaines, plus entraînantes, ressortent quand même du lot (Kevin Bazinet s'illustre en ce sens). Il faut dire aussi que tout est poussé à l'extrême dans cette proposition caféinée, produite par Robert Rodriguez. Les personnages sont hystériques, les situations frénétiques et les séquences chantées explosives. On aurait gagné à diminuer d'un cran l'intensité globale du projet.
Donc, malgré ses bonnes intentions et sa morale constructive, UglyDolls ne deviendra certainement pas le nouveau film préféré des bambins... ou, s'il le devient, je connais des parents qui auront hâte à la suite des Trolls.