Je suis forcé de faire une entorse à l'usage et d'utiliser la première personne pour cette critique de Twilight : La fascination, et ce pour deux raisons. La première : je ne suis pas une fillette de 12 ans (essayez de dire ça sans « je »). Car c'est à elles et rien qu'à elles que s'adresse ce film exécrable bourré de clichés odieux, d'acteurs minables et de premiers baisers parfaits. La seconde raison : je ne convaincrai personne que j'ai raison, je le sais très bien, mais il faut absolument que j'exprime toute la frustration que m'a causé ce « où-s'en-va-notre-belle-jeunesse » de film. C'est une aberration sociale et cinématographique, mais ça plaît beaucoup. Il faudra m'expliquer.
Lorsque sa mère se remarie, Bella décide d'aller rejoindre son père dans une petite ville de l'était de Washington, Forks. En classe, elle fait la rencontre du mystérieux Edward, un adolescent à la peau très pâle. Lorsqu'il la sauve d'un accident de voiture, Bella se doute qu'Edward est un jeune homme très spécial et, déterminée à percer son secret, elle décide de le confronter et apprend qu'il est en fait un vampire.
Bella, comme toutes les jeunes filles de son âge, aime Edward parce que c'est un bad boy. Un individu patibulaire qui est tout blême, qui ne parle à personne, qui entre par les fenêtres fermées et qui court aussi vite que l'éclair. C'est un vampire, aussi, mais c'est un vampire gentil (c'est-à-dire qu'il ne mange pas les humains, seulement les animaux). Il aime Bella parce qu'elle sent tellement bon, mais il la fuit parce qu'il n'est pas certain qu'il pourra se retenir de la manger. Il brille au soleil. Il brille au soleil? Quelle idée saugrenue. Un film où il ne se passe rien pendant 1h30; l'élément déclencheur arrive bien trop tard, en plus de se dégonfler rapidement. Erreur de dramaturgie 101 qui prouve que le seul plaisir qu'on peut éprouver au visionnement de Twilight : La fascination, c'est celui de retrouver des personnages qu'on a aimés dans les livres. Je respecte ça, mais cinématographiquement parlant, ça ne vaut rien.
D'autant qu'entre un espèce d'homo-érotisme assez déstabilisant et la jeune Bella qui, si désespérée d'avoir un peu d'affection du bel Edward, se retrouve en état de quasi-transe lorsqu'elle le voit, on retrouve toutes sortes de clichés désolants sur les relations père-fille (à peine abordées) et sur une toute-factice légende amérindienne. Au cinéma, on peut faire croire n'importe quoi, mais il faut y mettre les efforts et les créateurs de ce film n'ont pas cru bon s'y consacrer. Alors au lieu d'une mythologie crédible et complexe, on a droit à toutes sorties d'idioties « garrochées » là pour que le film ne s'arrête pas immédiatement, frappé d'une injonction pour imbécillité, entre sombre histoire de vampires et partie de base-ball ultra-rapide, tout ça pendant qu'on se magasine une robe pour le bal.
Les acteurs, maniérés au possible, sont désolants, tout particulièrement les acteurs secondaires, de grosses brutes sans aucune émotion ou logique. Il faut aussi essayer de ne pas trop rire quand les vampires, tout maquillés de blanc, apparaissent comme sortis d'outre-tombe. Et là on va essayer de me faire croire que personne ne se doute de rien quand toute une famille est blême comme du lait et n'a pas vieilli depuis 70 ans.
Est-ce que le phénomène Twilight exprime cette tension sexuelle incontrôlable - et inexprimable - des adolescent(e)s? C'est la seule piste possible, je ne vois pas d'autre explication. Il y a cette part de rêve que le véritable amour qui fait des adolescentes d'aujourd'hui des princesses qu'on condamne à être insatisfaites. Twilight : La fascination serait bien meilleur à la télévision, à côté des Beverly Hills 90210 et The O.C.
Je ne convaincrai personne que j'ai raison, je le sais très bien, mais il faut absolument que j'exprime toute la frustration que m'a causé ce « où-s'en-va-notre-belle-jeunesse » de film.
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