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La mort en mode perroquet.
Inclassable, osé et étrange pourraient être les trois qualificatifs qui correspondent le plus à ce premier film britannique d’une jeune cinéaste croate et produit par le petit studio indépendant qui monte et surprend, A24. Que ce soit d’ailleurs à la lecture du synopsis comme à la vue des premières images. Et bonne nouvelle : non seulement c’est étonnant et jamais vu mais en plus c’est quasiment toujours maîtrisé à quelques exceptions, fautes de goût et maladresses près, parsemées à quelques rares moments du long-métrage et souvent présentes au sein des premières oeuvres. En gros et pour faire simple, on assiste à la relation d’une adolescente en phase de mourir d’une maladie incurable la faisant souffrir avec sa mère dans le déni total. Jusque-là rien d’anormal ou de bizarre. Mais quand la Mort débarque sous la forme d’un perroquet à la voix d’outre-tombe qui change de taille à foison (!), toutes les deux vont devoir faire des choix et accepter leur sort et c’est là que le film devient pour le moins peu commun.
« Tuesday » peut paraître perché comme son perroquet mais nous délivre une fable sur le deuil, l’absence, la mort et la maladie de manière plus que convaincante, étonnante et touchante. Le film marche un peu sur les mêmes traces que le très ambitieux film de George Miller entre ces deux imposants « Mad Max » : « Trois mille ans à t’attendre » avec son génie à travers les âges. Méconnu et victime d’un échec retentissant, le film, nanti d’un budget conséquent, était ambitieux et entendait aussi parler de choses profondes qui font la vie à travers une sorte de conte pour adultes. C’était partiellement convaincant mais très audacieux comme l’est ce « Tuesday ». Mais, ici, c’est en mode plus intimiste, à la fois par le budget comme par le biais de la relation au centre du récit. Et plus réussi aussi peut-être, par son humilité, alors que les deux partagent une maîtrise narrative et formelle indéniable. Par exemple, la réalisatrice Daina Oniunas-Ponic ouvre son film avec un plan admirable et magnifique qui introduit son fameux perroquet. Un animal en forme d’allégorie totalement incongru mais étonnement probant, que ce soit dans les effets numériques ou la personnalité. Un personnage presque attachant. Et malgré le côté presque huis-clos, as mise en scène a beaucoup de personnalité et nous gratifie de très belles images.
On a un peu plus de mal lorsque le film tente de prendre plus d’ampleur avec son côté apocalyptique inutile. Avec plus de budget et une histoire adaptée peut-être qu’on en aurait demandé plus mais là c’est un peu hors sujet. Il y a aussi quelques longueurs et bizarreries moins convaincantes mais dans l’ensemble « Tuesday » frappe juste et fort et se révèle quelque chose de totalement inédit et mystérieux. Des moments sont mêmes emplis d’une poésie rare et d’instants oniriques tout à fait a propos. Quant au casting, avec un sujet pareil il fallait des actrices convaincantes. Le duo mère-fille, incarné par une impeccable Julia Louis-Dreyfus avec une palette de jeu incroyable et Lola Petticrew avec une douceur et une maturité déconcertante, est juste parfait. Un beau film super original qui parle de la mort et du deuil en donnant envie d’aimer la vie avec force et fracas. Une jolie découverte.
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