Thriller conventionnel et sans surprises, Tromperie ne se distingue en rien d'une bonne douzaine d'autres films du même genre qui remâchent les mêmes intrigues et les mêmes personnages, mais avec un romantisme éclectique en plus. L'histoire d'amour incongrue s'intègre mal à la trame narrative, qui ne se dévoile qu'après de longues minutes de sexe filmé maladroitement et pudiquement.
Jonathan McQuarry est un comptable célibataire plutôt timide qui mène une vie rangée. Lorsqu'il confond par inadvertance son cellulaire avec celui de son ami Wyatt Bose, un avocat charmeur, il commence à recevoir de mystérieux appels de femmes magnifiques qui se terminent tous à l'hôtel. Un jour cependant, il rencontre S, dont il tombe rapidement amoureux. Lorsqu'elle disparaît mystérieusement, Jonathan réalise qu'il a été berné.
La plupart de ces thrillers érotico-énigmatiques souffrent des mêmes maux (une épidémie, vraiment) : un manque flagrant de rigueur intellectuelle. Si on a certainement déjà vu pire, Tromperie a son lot d'improbabilités et de coups de chance qui gâchent un peu le plaisir de voir un vrai bon thriller intelligent qui serait, pour ainsi dire, irréfutable. Ce n'est pas du tout les cas, et le ou les méchants ont ici une chance irréelle bien plus qu'une intelligence supérieure. Le scénariste, d'ailleurs, tombe aussi dans le piège en soulignant à gros traits des petits détails qui expliquent rapidement tout. Et après un revirement improbable qui aurait dû mettre fin au film, on ne se surprend pas du tout de voir que ce n'est pas encore - hélas! - terminé.
Filmé avec compétence par le jeune réalisateur suisse Marcel Langenegger, le film est étourdissant tellement les plans de la ville de New York - fades au demeurant - sont mobiles. Les ambiances préfabriquées dans lesquelles se déroulent ces rencontres sexuelles sans lendemain n'ont rien d'un Eyes Wide Shut. Surtout pas la musique trop fortement appuyée qui vient s'assurer que tout le monde a bien compris qu'il se passait quelque chose.
Sinon, les personnages, des opposés parfaits, n'atteignent jamais leur plein potentiel; ne pourrait-on pas utiliser le talent pour les chiffres du personnage principal pour rehausser le scénario? Michelle Williams, en veuve éplorée, y va d'une pâle performance peu convaincante, tandis que Ewan McGregor a déjà joué cent fois ce geek qui manque de confiance en lui. Jackman n'est que ce play-boy bourgeois qu'il était dans Scoop.
Trop pudique, à la fois sensoriellement et intellectuellement, Tromperie est un film bourré de conventions et réalisé pour le plus grand public possible. Ce qui aurait pu être de sulfureuses scènes sexuelles ne sont que de polies embrassades; ce qui aurait pu être un prenant thriller manque tout simplement de danger, la faute à la relation inconvenante entre Jonathan et la mystérieuse S.
Thriller conventionnel et sans surprises, Tromperie ne se distingue en rien d'une bonne douzaine d'autres films du même genre qui remâchent les mêmes intrigues et les mêmes personnages, mais avec un romantisme éclectique en plus. L'histoire d'amour incongrue s'intègre mal à la trame narrative, qui ne se dévoile qu'après de longues minutes de sexe filmé maladroitement et pudiquement.