Fort du triomphe de Max Max: Fury Road, le cinéaste australien George Miller avait pratiquement carte blanche pour son nouveau projet. Le voici de retour avec Three Thousand Years of Longing, un film extrêmement ambitieux qui tarde toutefois à séduire complètement.
Adapté de la nouvelle The Djinn in the Nightingale's Eye d'A.S. Byatt, l'oeuvre s'intéresse à la rencontre entre une femme solitaire (Tilda Swinton) et un génie (Idris Elba) qui lui confère trois voeux en échange de sa liberté. À partir de ce postulat classique qui n'est pas sans rappeler celui d'Aladdin, le long métrage développe un hommage senti et probant aux contes qui cimentent l'humanité, d'hier à aujourd'hui.
Il reprend surtout le canevas du mythique texte Les mille et une nuits, alternant les séances de dialogues statiques entre les deux protagonistes et les échappées plus significatives vers différentes histoires du Moyen-Orient. Mais contrairement à Miguel Gomes qui remettait au goût du jour cette formule par l'entremise de son formidable triptyque Arabian Nights, le créateur de Happy Feet en offre une vision plus terre-à-terre, étant un peu emprisonné de récits redondants et inégaux, à l'interprétation secondaire chancelante.
Son désir de remettre l'imagination au coeur des préoccupations est toutefois admirable. N'est-ce pas par le pouvoir du rêve que tout peut arriver? Il prend ici la forme d'un cinéma décomplexé quand il se laisse aller dans sa folie créative à arpenter des contrées extraordinaires. Le tout bénéficiant d'une photographie exceptionnelle et d'effets spéciaux à couper le souffle. C'est à ce moment que l'homme derrière Babe 2 se veut le plus à l'aise, faisant oublier un travail de mise en scène beaucoup plus conventionnel - bonjour les fondus au noir - dans le monde réel.
Tout cela est mis au service d'un scénario étonnamment sentimental, qui rappelle que l'amour est le meilleur remède à la solitude. Les histoires racontées par le Djinn sont des romances damnées et c'est justement cette tristesse qui atteint en plein coeur son interlocutrice amère et apathique. Idris Elba et Tilda Swinton jouent le jeu à fond, étant excellents. Surtout qu'ils peuvent briller dans une seconde partie beaucoup plus puissante et émouvante. Sauf que ce climat de naïveté et ces élans kitsch qui culminent par une conclusion particulièrement sirupeuse ne feront pas l'unanimité.
Par l'entremise de Three Thousand Years of Longing, George Miller a donc décidé d'offrir un anti Mad Max, traitant bien différemment les sentiments de perte et d'isolement. Le ton plus romanesque au rythme relâché permet d'explorer les abysses de ses personnages, les faisant (re)vivre par l'entremise d'aventures incroyables. L'ensemble extravagant est peut-être plus facile à admirer qu'à aimer, mais il rappelle que le metteur en scène de 77 ans n'a rien perdu de son savoir-faire technique, ayant sans doute besoin d'un peu de quiétude avant de plonger dans Furiosa, le très attendu antépisode à Fury Road.