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Une vie volée.
Adapté d’un best-seller par Nicolas Boukhrief à la demande de son auteur, « Trois jours et une vie » est plutôt une réussite. Le cinéaste a été échaudé par l’absence de sortie de son précédent film, « Made in France », à cause de la proximité du sujet de celui-ci avec les attentats du 13 novembre 2015. Il s’est donc concentré dans la réalisation de ce thriller mâtiné de drame où les notions de culpabilité et de mensonge sont au centre du récit. Scindé en deux parties bien distinctes, passé et présent, qui se répondent de manière fluide et pertinente, le film parvient à établir une tension et un suspense latent avec logique et panache. Ou comment un accident dramatique dans le vie d’un enfant va impacter sa vie d’adulte de manière insidieuse et pernicieuse. Tout autant que permette de dessiner le portrait d’une petite communauté que ce drame va perturber en perfusion des années durant.
Les premiers plans posent le décor et donnent à cette œuvre une saveur toute particulière. Situé dans un village perdu du fin fond des Ardennes belges, le drame qui se noue nous captive de la première à la dernière minute, sans forcer. Entre fait divers malheureux et étude de caractères, « Trois jours et une vie » se fait l’écho d’un destin enfantin entaché par un malheureux accident qui va le poursuivre des années plus tard et avoir des répercussions sur toute une communauté. Le contexte de ce petit village en plein hiver est parfaitement rendu et c’est la qualité première du long-métrage. La grisaille triste de ce patelin paumé au milieu des forêts belges est croquée avec acuité et procure une ambiance terne et malaisante que la mise en scène de Boukhrief dépeint parfaitement. Parfois à la lisière du fantastique (la séquence de la tempête), le film est maîtrisé et prenant. Un film qui semble suspendu dans le temps, sorti d’une autre époque.
Les plans larges sur cette campagne du bout du monde et la photographie dans les tons froids sont un des facteurs de réussite du film. Le suspense se noue par à-coups, par petites touches parfaitement négociées et la sinistrose ambiante ajoute au climat désespéré du long-métrage. Même si l’on connait le fin mot de l’histoire, la tension est présente et vient du fait de savoir comment le personnage principal (enfant comme adulte) va se dépêtrer du drame qu’il a commis et qui le hante. Les ressorts psychologiques sont forts et accentués par un script qui prend son temps. Peut-être un peu trop mais on lui pardonne. La partie adulte paraît un peu plus faible que celle se déroulant durant l’enfance mais on apprécie l’originalité et la force de ce thriller du terroir sobre et émouvant qui pose beaucoup de questions sur notre rapport aux erreurs du passé, à la loyauté et surtout à la manière de vivre dans le mensonge et la culpabilité. Les seconds rôles sont tenus avec panache par des acteurs de calibre et on sort de « Trois jours et une vie » chamboulés et avec l’impression d’avoir vu un film assez rare.
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