Une adaptation classique d'une histoire classique, qui prend des risques calculés pour élargir son auditoire cible. Si l'histoire d'amour s'adresse aux demoiselles, les combats parfois très violents veulent plaire aux garçons – ici de valeureux chevaliers – s'ils apprécient le sang et les amputations improvisées.
Hollywood décide d'adapter pour le cinéma une œuvre séculaire, Tristan et Yseult, une œuvre tout aussi imprécise qu'enflammée. La légende a été posée sur papier plusieurs fois et dans plusieurs versions différentes. Nos amis d'Hollywood choisissent donc nous offrir une histoire d'amour simplifiée au maximum, une histoire d'amour qui n'a certes rien à envier à celle de Roméo et Juliette, du moins sur papier, mais qui manque de passion sur l'écran et, on peut le deviner, dans sa réalisation.
Alors que l'Angleterre, divisée, et l'Irlande se livrent une bataille sans merci, le jeune Tristan, un Anglais, est recueilli par le roi Marke, qui l'élève bientôt comme un fils pendant neuf ans. Devenu jeune adulte, Tristan mène les troupes anglaises dans des combats contre les Irlandais. Laissé pour mort, il est placé dans un barque et dérive jusqu'à l'île d'Irlande où il sera secouru par Yseult, fille du roi. Mais la situation rendra leur amour bien compliqué.
D'abord fort de deux jeunes acteurs peu expérimentés, Tristan et Yseult est condamné à ne pas fonctionner, parce que le courant entre les deux acteurs ne passe jamais. James Franco n'a jamais été un acteur de talent, encore moins de subtilité, et son effort pour rendre un personnage qui devrait être déchiré entre la passion pour une femme et la fidélité à son roi et à son pays tombe, comme l'ensemble du film, dans la facilité. Et on peut bien parler de loyauté, il s'agit quand même d'une histoire d'adultère. Franco est cependant très efficace dans les scènes de combat, qui ont dans l'ensemble un intérêt, malgré leur traitement plus qu'habituel. Sophia Myles lui donne une réplique un peu plus passionnée, qui ne trouve jamais de véritable écho. Elle parle à des yeux vides, machinaux, et leur amour semble rapidement irréaliste, dépeint grossièrement par des lectures à la lueur d'un feu. Cette histoire à beau être millénaire, c'est complètement redondant. D'autant qu'on se demande malheureusement : s'il n'était pas si beau, l'aiderait-elle?
Difficile ensuite d'embarquer dans l'histoire, qui aurait certainement mieux paru sous la forme d'un drame médiéval. On s'inquiète bien peu de nos deux amoureux, les diverses stratégies pour vaincre l'ennemi ou pour se défendre et les jeux de coulisses du film ont beaucoup plus d'intérêt. Les scénaristes ont quand même réussi à nous faire douter que le destin tragique des deux amants dans le livre serait respecté…et il ne l'est d'ailleurs qu'à moitié.
La réalisation de Kevin Reynolds, aussi responsable de Waterworld et The Count of Monte-Cristo applique la théorie du cinéma à la lettre dans son travail, réalise un film qui n'a pas d'âme et qui semble machinal. Les plans son bons, mais utilisent les mêmes trucs pour installer soit l'amour, soit le danger, et c'est un peu pour cette raison que ni un, ni l'autre, ne fonctionnent vraiment.
Au final, Tristan et Yseult est, en tant qu'histoire d'amour, un peu banal, et en tant que drame de guerre, beaucoup plus palpitant. Un traitement trop simple pour une histoire trop simplifiée, impossible d'apprécier complètement cette histoire pourtant si grandiose et tragique qui va au-delà de l'amour. Bon, pas pour cette fois.
Une adaptation classique d'une histoire classique, qui prend des risques calculés pour élargir son auditoire cible. Si l'histoire d'amour s'adresse aux demoiselles, les combats parfois très violents veulent plaire aux garçons – ici de valeureux chevaliers – s'ils apprécient le sang et les amputations improvisées.
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