Ils sont nombreux les garçons et les filles à avoir passé leur enfance à jouer avec des figurines Transformers. Des moments de joie nettement plus satisfaisants que les cinq films médiocres de Michael Bay. Quelle n'était pas la surprise de voir surgir en 2018 Bumblebee, un dérivé plus que satisfaisant de la célèbre série d'Hasbro. Un vent d'espoir et de fraîcheur soufflait sur la franchise... qui disparaît dès les premières minutes de Rise of the Beasts.
Un prologue qui rappelle le pitoyable The Last Knight : des combats sans queue ni tête qui sont à la fois tapageurs et brouillons, des personnages sans saveur et sans personnalité, une prémisse qui laisse complètement indifférente et, surtout, un sentiment d'assister à une dilapidation de millions (au moins 200) afin de créer la production la plus sotte et clinquante possible.
Tout cela en l'espace de cinq minutes, alors que des factions de robots ennemies se tapent sur la gueule. Pourquoi? Pour récupérer une clé qui permet - encore et toujours - d'ouvrir un portail entre les planètes. Des Autobots aux Maximals, en passant par les Terrorcons et les Predacons, il est parfois difficile de se retrouver parmi tous ces clans alliés ou ennemis. Le film s'adresse aux fans et les autres seront presque immédiatement éjectés du récit.
L'intrigue n'a évidemment aucune importance. Tout est une question d'effets spéciaux, spectaculaires dans un premier temps et vite lassants tant leur démonstration demeure mécanique et puérile. Peut-être est-ce la redondance des affrontements ou la monotonie des combats (bonjour les robots araignées qui se déplacent comme les petits dinosaures de Jurassic Park), mais un ennui émane rapidement de cette proposition destinée à la ferraille. L'impression est forte d'assister à un banal jeu vidéo que l'on a déjà vu des dizaines de fois et qui est renforcée par la mise en scène tonitruante de Steven Caple Jr. (Creed II).
Au moins, l'ensemble ne s'éternise pas pendant trois heures. Les 127 minutes semblent pourtant durer une éternité. Malgré l'apport de pas moins de cinq scénaristes, l'histoire est peuplée de dialogues débiles et de situations encore plus absurdes (comme ce garçon de New York qui est capable de parler à son grand frère au Pérou en utilisant un simple walkie-talkie!), capitalisant sur la nostalgie en situant les péripéties en 1994.
Le plus regrettable est l'absence de soin apporté aux personnages, humains ou de ferrailles. Dans le premier cas, on a fait appel à deux acteurs de talent (le charismatique Anthony Ramos qui avait enflammé In the Heights et l'inoubliable Dominique Fishback de Judas and the Black Messiah) pour les affliger de rôles horripilants bons pour les Razzies. Dans le second cas, on a demandé à des stars comme Michelle Yeoh, Ron Perlman et Peter Dinklage de prêter leurs voix à des entités insignifiantes, qui sont affligées d'un humour rudimentaire. Quand tout va mal et que la tragédie frappe, il est malheureusement impossible de se soucier de leur sort.
Écrasé par le déluge d'effets spéciaux, les séquences d'action interchangeables et les morales à la tonne sur la nécessité de travailler en équipe, le spectateur découvrira avec un certain plaisir quelle tangente risque de prendre la prochaine aventure cinématographique des Transformers. L'unique raison d'être de Rise of the Beasts réside d'ailleurs dans cette révélation finale que l'on ne voudra pas divulgâcher. Entre payer et subir le tout au cinéma ou attendre quelques jours pour connaître ce qui en retourne après une simple recherche sur le web, le choix n'est pas difficile à faire.
En attendant, on ressort ses jouets à l'effigie d'Optimus Prime et de ses acolytes pour s'imaginer une odyssée nettement plus mémorable que celle que l'on vient de voir.