La comédie pour ados devrait apparaître au sein de la liste exhaustive des genres cinématographiques de la Régie du cinéma - qui contient certaines classifications plutôt douteuses telles que le docudrame politico-social, le western parodique ou les aventures occultes - pour sa présence notable dans l'univers cinématographique et la qualité de certaines de ses oeuvres. Plusieurs s'adressent davantage aux garçons - des films souvent reconnus pour leur trivialité et leur indocilité (Folies de graduation, Supermalades) - tandis que d'autres cherchent le soutient des filles - des films plus sentis qui mettent en scène un personnage féminin fort auquel on peut s'identifier (10 choses que je déteste de toi, Méchantes ados). Tout pour un A est, depuis John Tucker doit mourir, le meilleur film américain « populaire » à paraître dans cette deuxième catégorie. La comédie réussit un amalgame parfait entre humour, sentiments et identification, une conjoncture importante lorsqu'on s'adresse aux adolescents, influençables, mais souvent intraitables.
Olive est invisible, anonyme, dans son école secondaire. Personne ne sait vraiment qui elle est et, jusqu'à maintenant, cette situation lui convenait. Mais lorsqu'elle feint d'avoir couché avec un garçon, la rumeur se répand et tous les étudiants la considèrent enfin. Bénéficiant de sa nouvelle réputation de trainée, elle décide d'aider un ami en simulant une relation sexuelle avec lui pour que tous cessent de le traiter de gai. La situation devient par contre incontrôlable lorsque tous les jeunes impopulaires de l'école quémandent ses services.
Le sujet principal du film - la rumeur - est un phénomène familier qui a touché, de près ou de loin, tous ceux qui ont un jour fréquenté l'école secondaire. Qu'on ait été l'initiateur, le bouc émissaire ou un simple spectateur de ragots au cours de sa jeunesse, tous sont conscients de l'ampleur des mots, de la puissance exponentielle de ces derniers et, évidemment, de leur richesse humoristique. Les blagues, parfois vulgaires, parfois songées, de film-ci, sont toujours insérées avec pertinence à une histoire qui jouit d'une structure et d'une sagacité étonnante. Aucun acteur ne vole la vedette à l'autre (sauf Stanley Tucci qui donne une performance hilarante); chacun s'acquitte de son rôle avec finesse et distinction.
Là on il aurait été facile de tomber dans le cliché, Tout pour un A évite habilement le piège. Bien sûr, vous ne serez certes pas déconcertés en apprenant que le film se termine bien, que la jeune fille est heureuse et épanouie avant le défilement du générique, mais, un peu à l'image de la vie, elle devra affronter bien des jugements et des embûches avant d'atteindre l'équilibre. Le personnage principal est fort, réaliste, rationnel et près de sa famille (malgré l'excentricité de cette dernière). Les jeunes filles peuvent facilement s'y identifier, ce n'est pas parce qu'elle parle de sexe et s'exprime de manière libertine qu'elle devient moins inspirante ou positivement influente.
Malgré quelques flottements narratifs à la mi-parcours, le long métrage dépeint un récit original, présente des personnages sensés et attachant en plus de jongler habilement entre humour et émotion. Tout pour un A est définitivement un bon « film de filles » qui a la force (et la décadence) nécessaire pour plaire aux garçons.