La rumeur en faisait la comédie de l'été, sorte de véhicule hybride propulsé aux explosions, au sang, à la vulgarité et à l'irrévérence. Des caméos, des fausses bandes-annonces, de l'auto-dérision; bref, un savant mélange de tout ce qui fait rire au jour d'hui. Le coup du cinéma qui pose un regard sur lui-même, on l'a déjà fait, et savamment avec Grindhouse, mais jamais avec un film sur un film de guerre. Ben Stiller, à la réalisation, profite des possibilités qui s'offrent à lui et ne se gêne pas pour oser, mais on ne pourra probablement pas s'empêcher de se dire qu'un peu plus de cohésion aurait grandement profité au film, qui trahit ses personnages, trahit sa cohérence pour une blague ou deux, qui n'en valent pourtant pas la peine. À ce titre, Superbad, qui confirme de plus en plus son statut de premier de classe, était exemplaire : on a des personnages d'abord et des situations ensuite. Tonnerre sous les tropiques, c'est tout ce qu'on a pu imaginer et encore plus. Trop?
Sur le plateau du plus dispendieux film de guerre jamais tourné, l'ego démesuré des vedettes ralentit sérieusement le tournage. Le réalisateur, pressé par le studio, décide d'emmener ses cinq comédiens dans la jungle vietnamienne pour les forcer à jouer les scènes de la manière la plus réaliste possible. Mais les acteurs sont découverts par un groupe de trafiquants de drogue armés jusqu'aux dents.
La distribution réunie pour Tonnerre sous les tropiques ressemble à un match des étoiles, et les meilleures performances viennent d'un côté et de l'autre du spectre : d'abord Robert Downey Jr. - comme on était en droit d'espérer - est tout à fait hilarant et toujours juste dans un rôle qui lui offre la possibilité de démontrer toute sa polyvalence. Puis, il y a l'imprévisible Jay Baruchel, ici tout spécialement convaincant dans un rôle complexe qui est pratiquement au centre du film. Une belle surprise. Jack Black est excessif et même un peu agaçant parfois, tandis que Ben Stiller joue le même imbécile qui a fait le succès démesuré de Zoolander. Il y a un public pour ça, mais Stiller ne se surpasse absolument pas, ni ne surprend. Ah! et il y a Tom Cruise qui fait un fou de lui, et il le fait bien; il est drôle, très drôle. Les caméos de Tobey « gagnant d'un prix pour le meilleur baiser » Maguire et Matthew McConaughey sont amusants mais surtout anecdotiques, frisant le cabotinage à tout instant.
Quelle différence entre ces excès-ci et ceux de Demi-frères , qui était une comédie beaucoup plus réussie? En humour, ce sont souvent les personnages qui transportent l'histoire. On rit d'eux et avec eux; Tonnerre sous les tropiques n'a rien à enlever à qui que ce soit à ce niveau. Pourtant, les personnages ont à peu près tous un petit secret qui sera révélé, souvent dans un tonitruant gag bâclé, au cours de l'aventure. Sans brûler les punchs, disons seulement que ces écarts, pourtant vite oubliés, nuisent au film dans son ensemble.
Les meilleurs moments du film sont ceux où Hollywood la Grande (comme dans « Babylone »), elle-même, reçoit les claques au visage de Stiller, qui réalise dans les mêmes excès qu'il joue, c'est-à-dire sans aucune retenue. Ça doit être très amusant de filmer des explosions, mais ici, leur apport au scénario - qui a pourtant tout le matériel nécessaire à sa disposition - est très limité, tout comme les personnages de Tugg Speedman et de Simple Jack, défendus sans grand succès par Stiller. Ils ralentissent le rythme qui était déjà chancelant, et éloigne l'une de l'autre les meilleures blagues du film, qu'on retrouve surtout au début, avec d'hilarantes fausses bandes-annonces, et à la fin. Le rythme en souffre énormément, et bien sûr le film aussi, si bien qu'on ne peut plus parler que d'une comédie honnête avec ses bons et ses moins bons moments.
La rumeur en faisait la comédie de l'été, sorte de véhicule hybride propulsé aux explosions, au sang, à la vulgarité et à l'irrévérence. Des caméos, des fausses bandes-annonces, de l'auto-dérision; bref, un savant mélange de tout ce qui fait rire au jour d'hui. Le coup du cinéma qui pose un regard sur lui-même, on l'a déjà fait, et savamment avec Grindhouse, mais jamais avec un film sur un film de guerre. Ben Stiller, à la réalisation, profite des possibilités qui s'offrent à lui et ne se gêne pas pour oser, mais on ne pourra probablement pas s'empêcher de se dire qu'un peu plus de cohésion aurait grandement profité au film, qui trahit ses personnages, trahit sa cohérence pour une blague ou deux, qui n'en valent pourtant pas la peine.