Déjà, on constate que Lara Croft s'est adaptée à son époque. Les gros seins, les lèvres pulpeuses et les mini shorts ne sont plus acceptables aujourd'hui. Et peu importe si le personnage original possédait ce genre d'attributs, le sexisme est une faute grave en cette ère #metoo et Hollywood l'a bien compris. Sans dénaturer l'héroïne, le studio nous propose une aventurière bagarreuse, qui ne s'en laisse pas imposer. Évidemment, elle est très jolie, mais porte le pantalon long et n'a pas de décolté. Finalement, tout pour s'éloigner de cette image :
Alicia Vikander, qui avait ébloui l'Amérique dans The Danish Girl, transmet la bonne énergie à son personnage. Fougueuse, belliqueuse et déterminée, elle valse dans cette histoire avec l'aplomb nécessaire pour captiver le spectateur. Dommage que la trame narrative ne soit pas à la hauteur des espérances. On retrouve beaucoup d'action dans Tomb Raider, mais il nous manque les énigmes et le suspense, qui ont fait la réputation du jeu vidéo.
Warner Bros a choisi de planter cette nouvelle aventure dans la réalité. On ne retrouve pas d'araignées géantes ou d'orbes magiques. Il y a des pièges sophistiqués, bien entendu, mais rien qu'on pourrait qualifier de paranormal. Le fait que Lara Croft ne croit pas son père qui prétend avoir découvert l'existence d'un tombeau qui abriterait la dépouille d'une femme aux immenses pouvoirs mythiques et destructeurs propose une approche différente à l'ensemble de la franchise. Même le vilain de l'histoire ne croit pas aux élucubrations du vieil homme, il exécute une mission pour une entreprise privée et doit y arriver pour avoir enfin la chance de retourner chez lui et revoir ses proches. Il n'y a pas de quête du mal ultime dans ce long métrage de Roar Uthaug et c'est assez rafraîchissant.
Le fait que le récit se veut autant réaliste nous amène irrémédiablement à nous heurter à l'abus de l'utilisation de la coïncidence pour justifier la progression de l'histoire. Lara trouve, par exemple, le bateau qu'elle cherche inexorablement alors qu'elle se bat avec des voleurs sur les quais d'une ville d'Asie et le capitaine l'aide in extrémis à échapper aux malfrats. Une foule d'exemples comme celui-là parsèment le récit et confisquent une part importante de crédibilité au film. La protagoniste multiplie également les prouesses physiques, jusqu'à escalader une montagne abrupte à mains nues alors qu'elle a une plaie ouverte sur l'abdomen. Sans force surnaturelle, difficile de justifier ce genre d'exploits herculéens.
L'histoire trouée empêche le nouveau Tomb Raider de rejoindre complètement son public. Ce dernier est diverti, certes, mais un peu plus de nuances et d'inventivité auraient permis à l'oeuvre de se démarquer davantage et de trouver sa place au sein d'un cinéma commercial.