Qu'il est bon de retrouver la salle de cinéma! Surtout pour un film aussi ludique et amusant que Tom & Jerry qui plaira à toute la famille.
Cinq mois sans mettre les pieds au cinéma. Presque une éternité. La dernière fois, c'était pour le très beau La déesse des mouches à feu d'Anaïs Barbeau-Lavalette. Depuis, tout s'est (encore) arrêté et il a fallu découvrir les longs métrages à la maison. Évidemment, la sensation n'est pas la même. Et on le remarque encore davantage en renouant avec la salle. L'écran était-il si grand? Le son si immersif? Bien sûr, il y a le masque, l'absence de maïs soufflé et l'efficace distanciation sociale. Sauf que le sentiment de communier à nouveau se fait ressentir et l'Art retrouve soudainement ses lettres de noblesse.
C'est sans doute le meilleur endroit pour découvrir la nouvelle version de Tom & Jerry, qui fête en 2021 son 81e anniversaire. En pleine heure de gloire, ce classique d'Hanna-Barbera remportait plusieurs oscars du meilleur court métrage d'animation. La souris Jerry est même allée danser la claquette avec le virtuose Gene Kelly dans la charmante comédie musicale Anchors Aweigh (1945). Puis il y a eu des années de vaches maigres et un long métrage exécrable qui a vu le jour en 1992. L'idée était de faire connaître cette icône de la culture populaire aux nouvelles générations et c'est la raison même de son retour au cinéma.
La mission est en partie réussie. Principalement lorsque le chat Tom et la souris Jerry sont réunis. Ensemble, ils se disputent allègrement, faisant revivre la belle époque du slapstick où les corps se fracassent contre les murs et qu'ils tombent dans le vide du haut d'un immeuble. Des sommets de comédie qui opèrent à nouveau tant les situations, inusables, font rire grands et petits. Spécialiste des duos dépareillés, le cinéaste Tim Story (Ride Along) trouve la matière idéale afin de pousser encore plus loin ces scènes désopilantes, y allant de quelques clins d'oeil à Batman, Ratatouille et les Rescue Rangers.
Malheureusement, il ne s'agit pas seulement d'une oeuvre de franche rigolade et une histoire sans réel intérêt a été greffée. Celle d'une jeune femme qui trouve un emploi dans un prestigieux hôtel à la veille d'un important mariage. C'est sans doute trop de clichés et de morales appuyées pour Kevin Costello qui aime ses scénarios sentimentaux moins conventionnels, plus décalés (l'ovni Brigsby Bear, c'était de lui). Les Chloë Grace Moretz, Michael Pena et Ken Jeong apparaissent d'ailleurs bien fades, se faisant constamment voler la vedette par le tandem en place. Pourtant ce sont les humains qu'on voit inlassablement et pas les si charmants Tom et Jerry qui deviennent pratiquement des personnages secondaires.
Le mélange entre l'animation traditionnelle en deux dimensions et les prises de vues réelles pose également problème. L'amalgame demeure harmonieux et le côté vieillot plaira aux cinéphiles de la vieille école. Cependant on perçoit beaucoup trop l'influence de Who Framed Roger Rabbit - et tous ces animaux animés - qui a popularisé le genre à la fin des années 80. Outre cette référence, les autres productions qui ont adopté cet esthétisme ont mordu la poussière, que ce soit Cool World ou Space Jam.
Il ne faut toutefois pas oublier que cet effort qui traîne en longueur (bien entendu que le format court est plus optimal que le long) s'adresse d'abord et avant tout aux jeunes enfants. Ceux présents dans la salle avaient les yeux rivés à l'écran, s'esclaffant aisément devant les facéties des attachantes bêtes. Ce fut le cas notamment de notre accompagnatrice de huit ans qui s'y connaît en la matière, ayant dévoré dernièrement Calamity et Félix et le trésor de Morgäa.
En cette semaine de relâche scolaire, renouer avec le divertissant Tom & Jerry et, surtout, la salle de cinéma, s'avère la sortie tout indiquée. L'idéal pour raviver la flamme et faire remuer le for intérieur du spectateur, néophyte ou nostalgique.