Comme il n'y a absolument aucun intérêt à filmer des gens heureux, le cinéma a fait son devoir d'explorer les crises existentielles et les quêtes intérieures. Il l'a d'ailleurs fait plusieurs fois, de toutes les façons et sur tous les tons. Ce drame honnête de François Delisle n'ajoute rien à la discussion, en plus de souffrir de quelques maladresses désolantes que même ses bonnes intentions ne peuvent faire oublier.
Michèle est mariée à Paul. Ils ont un fils, Manu, mais Michèle a aussi un amant. Étouffée, exaspérée par sa vie de couple, elle quitte son mari pour s'installer avec son amant, mais n'y trouve pas le réconfort escompté. D'autant que son fils comprend mal le départ de sa mère, et qu'il se fait de plus en plus distant.
Il n'y a pas à dire, Michèle a de la difficulté à définir ses priorités. Entre son mari, son amant, son fils et son bien-être personnel, sa quête est le point central du récit. Le spectateur l'accompagne dans ce cheminement particulièrement pénible (pour elle), et ce qui rend l'expérience acceptable passe par Anne-Marie Cadieux. Si elle peut étaler tout son talent, c'est que le personnage central de Toi met à sa disposition une grande profondeur, un registre très large qui va des tons les plus graves aux plus aigus. Cela met cependant d'autant plus en évidence la faiblesse des autres personnages, les secondaires, souvent dessinés grossièrement, souvent coupables de gestes grandement illogiques que même la passion ne peut expliquer ou excuser. Outre que la conclusion ne soit pas à la hauteur du chemin parcouru, Toi finit par ne plus savoir où trouver, à force de chercher partout. L'empathie du spectateur n'est presque jamais sollicitée comme il le faudrait.
Toi est épicé au mélodrame et ne semble pas s'en formaliser. Pourtant, quelques scènes sur-dramatisées déclenchent des rires, entre l'incompréhension et la désolation pure et simple. Difficile de se lier émotivement à ces personnages secondaires (d'autant plus nécessaires que le personnage central cherche ses repères et que le spectateur doit le suivre) particulièrement lorsqu'ils agissent si maladroitement. Des actions qui sont belles, artistiquement parlant, mais qui détonnent par rapport au ton réaliste du récit. Les envolées langoureuses (et le mot est bien choisi) n'ont rien de très convaincant non plus.
Toi a au moins le mérite de ne pas trop parler et de rendre justice au travail d'Anne-Marie Cadieux, brillante et dévouée, comme d'habitude. Ses hommes (Laurent Lucas, Marc Béland, Raphaël Dury), plus cois, ne sont qu'accessoire dans sa crise existentielle, qui n'est pas assez universelle et très frustrante, au final. Parce que les moments plus inspirés ne manquent pas, dans Toi, il sont simplement dilués. Mais, et c'est prioritaire, il faudrait d'abord enseigner aux personnages à s'embrasser convenablement.
Comme il n'y a absolument aucun intérêt à filmer des gens heureux, le cinéma a fait son devoir d'explorer les crises existentielles et les quêtes intérieures. Il l'a d'ailleurs fait plusieurs fois, de toutes les façons et sur tous les tons. Ce drame honnête de François Delisle n'ajoute rien à la discussion, en plus de souffrir de quelques maladresses désolantes que même ses bonnes intentions ne peuvent faire oublier.