Thor est le premier d'une longue liste de super-héros qui prendront d'assaut nos écrans au cours des deux prochaines années. Le long métrage a la prestance, l'efficacité et la qualité d'un bon blockbuster estival, mais n'est malheureusement pas de taille pour affronter les Iron Man et les Batman de ce monde. Trop d'inégalités, de futilités, parsèment l'univers de Thor. Au-delà de l'amourette injustifiable entre un Dieu et une astrophysicienne terrienne (il faut attirer le public féminin avec quelques séquences romantiques, d'accord, mais on se doit de défendre leur légitimité dans le récit, sinon elles ne sont que d'autres futilités et absurdités), les disparités évidentes entre les royaumes fantastiques et celui des humains, bien qu'inhérentes au respect de la mythologie « marvelliste », ampute le film d'une certaine crédibilité. Il faut accepter d'emblée les propositions du film - aussi improbables soient-elles - si on veut que l'expérience cinématographique soit réussie, mais, dans le cas présent, les univers sont si disjoints, si paradoxaux, qu'on arrive difficilement à croire à cette réalité, amalgamant légendes nordiques et recherches scientifiques contemporaines.
La mythologie de Marvel est complexe, et voulant plaire à la masse tout autant qu'aux fans, les créateurs se doivent de construire une histoire assez simple pour qu'un public novice apprécie les aléas du récit sans avoir à s'instruire préalablement sur l'univers en question, mais assez soigné et rigoureux pour ne pas décevoir les amoureux de la série. De ce point de vue, le film est généralement bien réussi; on est parvenu à incorporer d'autres héros ou entités (comme Tony Starks ou le S.H.I.E.L.D.) sans nuire à la continuité de la narration principale. L'aspect visuel du monde d'Asgard est, globalement, assez compétent; la richesse et l'honneur du peuple transparaissent à travers l'or et l'immensité des décors et on est parvenu à échapper à certains pièges qui auraient pu nuire considérablement à la crédibilité des lieux - le passage arc-en-ciel est probablement l'exemple le plus évident; un véritable chemin multicolore aurait suggéré un batifolage probant avec les Calinours.
Chris Hemsworth livre une performance honorable dans le rôle de ce jeune héritier irrévérencieux, cavalier et arrogant. Son demi-sourire charismatique, ses manières à la fois frustes et naïves, sa démarche assurée, sont tant de qualités nécessaires à la vraisemblance de ce héros originaire de contes et légendes scandinaves. Hemsworth assume également avec pertinence l'aspect humoristique de l'oeuvre. L'hétérogénéité entre les deux mondes est si marquée qu'il vaut mieux en rire. De voir cet homme musclé, fier, lancer violemment sa tasse sur le sol d'un restaurant en demandant un autre breuvage ou être témoin de l'arrivée des amis de Thor sur la Terre, vêtus d'armures, de capes et d'épées, ne peut qu'être amusant. On se devait d'ajouter une part de comédie à l'histoire, sinon elle serait rapidement devenue illogique (des dieux débarquent dans une tornade électromagnétique et personne ne s'en préoccupe).
Thor est une oeuvre percutante, tant au niveau des effets spéciaux que dans la justesse de son scénario, mais ce n'est pas avec cette production qu'Hollywood révolutionnera le genre du film de super-héros. Prévisible, malgré son imaginaire foisonnant, le film de Kenneth Branagh ne marquera, évidemment, pas les esprits comme The Dark Knight l'avait fait, mais il égayera très certainement la galerie, assoiffée d'utopies et de fausses - mais puissantes - espérances.
Prévisible, malgré son imaginaire foisonnant, le film de Kenneth Branagh ne marquera, évidemment, pas les esprits comme The Dark Knight l'avait fait, mais il égayera très certainement la galerie, assoiffée d'utopies et de fausses - mais puissantes - espérances.
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