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Père, fils et dépression.
Florian Zeller revient avec un nouveau drame adapté d’une de ses illustres pièces de théâtre, domaine où il a fortement brillé en tant que dramaturge. Et, certainement un peu consciemment, ce nouveau film développe beaucoup d’accointances avec « The Father », voire paraissent se ressembler sur bien des aspects. De prime abord en tout cas. En effet, l’auteur a écrit, parmi de nombreuses autres pièces, une trilogie dramatique qui lui a permis de se faire connaître à l’international: « Le Père », « La Mère » et « Le Fils ». C’est d’ailleurs sans doute ce qui a permis à Zeller de réaliser ses adaptations outre-Atlantique avec des castings aussi prestigieux. Et donc, après avoir été acclamé pour le beau « The Father » (qui a permis à Hopkins de recevoir un nouvel Oscar), il revient donc logiquement avec « The Son », et peut-être plus tard, « The Mother ». Certes, les deux films partagent l’aspect familial et parlent d’une maladie mais hormis cela et une finesse commune dans l’écriture et l’interprétation, la parenté s’arrête là. Et ce second essai est, à notre sens, bien supérieur à son prédécesseur pourtant déjà plutôt bon : dans le jeu des comédiens, dans la puissance de l’émotion et dans une thématique moins vue sur les écrans, « The Son » émerveille, émeut, interpelle et nous déchire le cœur.
Le quintet d’acteurs choisis par Zeller pour incarner les personnages de sa pièce est d’une puissance de jeu indéniable. « The Son » est un film de comédiens, on ne peut le nier, et ils sont tous au diapason pour nous offrir des prestations hors du commun, d’une sincérité et d’une justesse désarmante. On a d’ailleurs du mal à comprendre pourquoi le film a vu sa date de sortie modifiée à la dernière minute. Initialement prévu pour novembre dernier, le long-métrage ne pourra ainsi pas concourir pour les prochains Oscars et il sera certainement oublier pour ceux de l’année suivante, alors que la prestation de Hugh Jackman est tellement excellente qu’il pourrait tout à fait être mis à l’égal de celle de Brendan Fraser pour « The Whale » ou de Colin Farrell pour le chef-d’œuvre « The Banshees of Inisherin ». Peut-être moins remarquable de prime abord certes, mais tout aussi sensationnelle dans les nuances et l’investissement dans le rôle. Et de voir le bide que fait le film aux Etats-Unis, bazardé sur seulement 500 salles en plein milieu du mois de janvier, on n’y comprend rien. L’acteur donne tout en père perdu face à la dépression de son fils et il nous émeut par sa prestation d’un naturel et d’une force rare. En face, le jeune Zen McGrath est une révélation incontestable dans le rôle pas facile du fils adolescent en proie à la dépression. Les seconds rôles joués par une Vanessa Kirby impeccable, une Laura Dern poignante qu’on ne cesse de redécouvrir depuis son Oscar et son come-back et un Anthony Hopkins royla qui, avec une seule scène, nous glace le sang et dresse un parallèle étonnant avec son rôle dans « The Father ».
« The Son » est beaucoup fait de confrontations entre acteurs. Des face à face qui s’assimilent presque aux scènes spectaculaires de certains blockbusters par leur intensité. Qu’elles soient déchirantes, émouvantes ou sidérantes, elles appellent à nos émotions propres et nous touchent en plein cœur. Après l’Alzeihmer dans « The Father », Zeller parle ici d’une autre maladie, bien plus sournoise et mise de côté, une maladie que les mesures sanitaires excessives et aberrantes ont de plus remis au goût du jour dans leurs excès à ne voir que le Covid : la dépression adolescente. Et c’est tellement juste dans la vision de la maladie que c’en est presque bon. Rien que la séquence de liesse en musique entre un fils, son père et sa belle-mère, une scène à priori anodine et censé être un miroir de bonheur, se révèlera finalement d’une tristesse insondable juste par le biais d’un regard évocateur. Du grand art! Le pouls de cette pathologie si dure à déceler qu’est la dépression est parfaitement rendu et plane sur ce film sublime, fort et parfaitement incarné par des acteurs en état de grâce. « The Son » est le premier coup de cœur cinématographique de 2023 et c’est un drame aussi prestigieux qu’il est maîtrisé, intense et réussi.
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