********* Nous avons vu le film The Son au Festival du Film de Toronto 2022. *********
Le film The Father avait été une telle réussite qu'on avait des attentes énormes pour The Son, écrit et réalisé par la même personne, soit le Français Florian Zeller. Malheureusement, malgré un sujet extrêmement déchirant, soit la dépression sévère chez les adolescents, il n'arrive pas à la cheville de son prédécesseur. Mélodramatique, très statique et souvent fastidieux, le long métrage manque de considération pour sa grave thématique.
Dans The Son, l'adolescent Nicholas n'est pas dans une bonne période de sa vie. Voyant cela, sa mère demande de l'aide au père du garçon, Peter, qui n'est pas très présent. Celui-ci intervient et, de fil en aiguille, Nicholas déménage chez lui avec sa nouvelle femme et leur bébé. Peter voit son fils décliner et sombrer de plus en plus profondément dans la dépression, mais ne sait que faire. Il devra se résoudre à faire appel à des spécialistes. Les parents seront rapidement complètement dépassés par la torpeur et chagrin que vit le gamin.
Après avoir vu ce film, personne ne sera étonné d'apprendre que The Son est l'adaptation d'une pièce de théâtre. Si avec The Father, le huis clos avait beaucoup de sens, considérant que l'homme âgé refusait de quitter sa demeure, dans ce cas-ci, l'appartement cossu du père prend beaucoup trop de place par rapport au reste. Par contre, si les dialogues avaient été percutants et le scénario mieux construit, on ne parlerait probablement pas du décor. Sur papier, l'histoire de The Son est déchirante, mais à l'écran, elle manque cruellement de nuances. Bien sûr que certaines scènes dramatiques vous émouvront et amèneront les parents à questionner la santé mentale de leurs propres enfants, mais on aurait pu faire mieux pour rejoindre le coeur du cinéphile.
Reste que Hugh Jackman est incroyable dans le rôle du père. Il se donne corps et âme pour ce personnage à travers qui bien des papas d'adolescents se reconnaîtront. Pour ce qui est du reste de la distribution, elle ne transpire pas d'autant de sincérité. Il y a définitivement un effort de transmettre l'émotion, mais celle-ci est dissoute dans les mélandres d'une tragédie trop appuyée.
La scène finale a de quoi faire jaser. Certains seront secoués par celle-ci, qu'ils trouveront surprenante et bouleversante, alors que d'autres la considèreront superflue et grotesque. Nous sommes quelque part entre les deux. On a vite compris le petit jeu auquel s'adonnait Zeller, mais on a été tout de même touché par la proposition.
Il est évident que The Son souffre terriblement de comparaison. The Father a été nommé aux Oscars pour meilleur film; celui-ci n'aura certainement pas le même traitement... Cela ne veut pas dire, par contre, qu'il faut le rejeter du revers de la main. The Son n'est pas parfait, loin de là, mais ses quelques qualités sont assez fortes pour l'empêcher de couler complètement.