The Runaways recycle les clichés les plus communs du rock n' roll : sexualité débridée et abus de drogue. Voulant en plus rallier le public féminin, le film fait preuve d'une flagornerie parfois gênante qui l'éloigne de son propos : oui, les filles peuvent tout faire, mais ça ne veut pas dire qu'elles ne puissent pas le faire à leur manière...
Dans les années 70, cinq adolescentes des banlieues pauvres de Los Angeles se réunissent afin de former un groupe rock entièrement féminin qui va aller concurrencer les groupes masculins sur leur propre terrain de jeu. La jeune guitariste Joan Jett s'associe donc à la chanteuse Cherie Currie, et elles forment ensemble le groupe The Runaways. Tandis que les filles apprennent à composer avec la célébrité, qu'elles consomment toutes sortes de drogues, elles partent en tournée au Japon, où elles sont de grandes vedettes.
Le film, inscrit sous la bannière du « Girl Power! » - à la manière d'un Whip It!, par exemple - s'entête à créer une sorte de complicité avec les filles dans le public (le premier plan du film en est la démonstration la plus évidente), une sorte de clin d'oeil permanent qui dirait : « regardez les filles, on est toutes pareilles! on est de la même gang! on se comprend entre nous! », pour former une espèce de confrérie - « sororité » est un mot bien trop affreux, je ne me résigne pas à l'utiliser. Us against the world, ça dit quelque chose à quelqu'un? Tant et si bien que quand le méchant gérant trop exigeant en demande trop, c'est la révolte (même si jusqu'à maintenant il ne s'est pas tellement trompé). Trop, c'est trop!
Une esthétique particulièrement stylisée, rappelant à la fois le rock des années 70 et le l'art du vidéoclip, est réussie mais assez prévisible; la saleté généralisée ne cache pas la minutieuse mise en place d'une allure globale qui ne laisse rien au hasard et qui, conséquemment, sonne faux. D'autant que les guitares accompagnent pratiquement chaque scène. Pas étonnant, vous me direz... Il s'en dégage bien un charme vintage, une illustration convaincante d'une époque révolue que bien des gens n'ont pas connue, et on peut certainement y trouver une certaine satisfaction musicale. Mails le développement narratif n'en profite pas.
S'étiolant en plus dans une deuxième heure bourrée de longueurs pour se terminer sans éclat, le film n'allait pas s'achever sans faire entendre les quelques mesures les plus connues de « I Love Rock n' Roll », même si ça n'a aucun lien avec le sujet. C'est pour ça qu'on est là, après tout! Non, vraiment, l'exercice de manipulation mercantile est tellement flagrant qu'on en oublie le commentaire féministe.
S'il est vrai qu'elles sont toutes les deux très bonnes dans les deux rôles principaux, Kristen Stewart et Dakota Fanning profitent pleinement de ce film conçu pour elles; elles ont l'occasion de démontrer leur talent, de montrer à tout le monde qu'elles ne sont plus les jeunes filles sages du début de leur carrière et qu'elles ont une sexualité (scandale!). Ça aussi, on s'y attendait.
Sorte de fantasme inassouvi des jeunes filles de bonne famille, The Runaways les défoulera suffisamment (pisser sur une guitare, ça c'est bad) pour maintenir la paix sociale et les convaincra peut-être de rentrer à la maison pour préparer le souper. Faut aller cherche les enfants à la garderie, aussi...