Peur gériatrique.
Ce petit film de genre avait tout pour intriguer! Déjà il nous vient de Nouvelle-Zélande et c’est peu dire qu’il y a très rarement des productions qui nous arrivent de cette lointaine contrée. De plus, « The Rule of Jenny Pen » a fait sensation dans pas mal de petits festivals de films fantastiques ou assimilés l’an passé lui conférant une certaine aura et un petit buzz. En outre, le film se déroule dans une maison de retraite, un cadre très peu exploité dans le cinéma de genre et le cinéma tout court et, à son casting, on a deux des plus vieux grands comédiens anglophones encore en activité : l’oscarisé et mutli primé Geoffrey Rush ainsi que le tout aussi honorable John Litghow. Bref, voilà une œuvre qui attisait la curiosité et qui nous a conquiert le plus souvent. Cette histoire de confrontation en milieu gériatrique entre un juge récemment victime d’un AVC attendant de récupérer dans cet endroit faute de mieux et qui tente de mettre fin aux agissements d’un autre résident complètement psychopathe, schizophrène et ventriloque avec sa poupée qu’il a nommé Jenny Pen faisait saliver. Le film n’est certes peut-être pas aussi mémorable qu’espéré mais il est assez rare et inédit sur plusieurs points pour marquer les esprits durablement.
Le long-métrage de James Ashcroft souffre notamment de deux ou trois défauts qui l’empêchent d’accéder à la pleine réussite et à la satisfaction totale du spectateur. D’abord, la mise en scène est assez paresseuse alors qu’un tel sujet et un endroit comme celui-là autorisaient une forme bien plus travaillée. « The Rule of Jenny Pen » n’est pas moche à regarder mais ne marquera pas les esprits outre mesure par son aspect visuel. Et il faut avouer que la seconde partie, le dernier tiers pour être plus précis, souffre de longueurs et de répétitions. L’intrigue ne se renouvelle plus et le film devient un tantinet lassant. Une heure et trente minutes auraient parfaitement suffi et cela aurait ainsi rendu le long-métrage plus tendu. Pour terminer – et c’est vraiment propre à chacun – on aurait aimé que le pourquoi de la relation entre cette poupée bizarre et son propriétaire soit davantage explicitée que laissé à notre propre appréciation.
Spécialisé dans les films de série B sous tension et qui font peur, Ashcroft sait jouer du cadre inusité de l’action. Le film n’est pas daté mais on sent qu’il doit se dérouler à la fin du siècle passé car il n’y a pas de téléphones portables, d’Internet ni même de caméra, ce qui est judicieux puisque cela empêche les incohérences. Il sait instaurer le malaise et un climat étrange et anxiogène à la perfection. On se demande vraiment comment cela va finir et il y a certains rebondissements bienvenus tout comme des séquences vraiment dérangeantes. Et, bien sûr, « The Rule of Jenny Pen » peut compter sur ses deux immenses comédiens. Geoffrey Rush campe un homme en fauteuil roulant téméraire et combatif avec tout le talent qu’on lui connait quand son partenaire livre une performance qui fera date dans le genre en vieux fou sadique. Jamais dans l’excès mais proprement effrayant, il est génialement diabolique. On passe donc un bon petit moment de frissons réalistes avec des personnages bien écrits, des sensations fortes et un climat malaisant que seuls quelques petits défauts empêchent d’être impeccable.
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