Incroyable histoire vraie, The Phantom of the Open rappelle que Mark Rylance est un acteur fabuleux, capable d'élever n'importe quel film qui aurait pu se chercher une identité propre.
Il n'y a parfois rien de plus beau que les perdants. Malgré tous leurs désirs et leurs efforts, ils échouent lamentablement. C'est le cas de Maurice Flitcroft, un des pires joueurs de golf de la planète, qui a tout de même eu un impact significatif sur son entourage et celui de son sport.
Voilà un personnage plus grand que nature qui aurait pu verser dans la farce pathétique. Mark Rylance évite la caricature en embrassant la naïveté de son sujet. Sincère et généreux, il n'y a guère de second degré dans son jeu, rappelant la verve des stars du muet et même un certain Forrest Gump. L'acteur se plaît à personnifier ces êtres qui planent dans un autre univers - pensons seulement à Don't Look Up et The BFG - et il livre une nouvelle prestation délectable.
À tel point qu'on aurait espéré un scénario un peu plus cohérent avec son état d'esprit. Signant le script à partir d'un livre qu'il a coécrit avec Scott Murray, Simon Farnaby lorgne parfois un peu trop son propre travail scénaristique sur Paddington 2. C'est gentil, ludique, inoffensif et parfaitement assumé. Inconséquent, même, tant les enjeux dramaturgiques sont ténus et réduits à leur plus simple expression, morales appuyées à la clé. Oui, il est important de croire en ses rêves, n'importe qui peut avoir du succès et c'est en pratiquant qu'on atteint la perfection...
Bien que l'ensemble prévisible traîne parfois en longueur, la mise en scène fait le pari du conte pour éviter l'hagiographie conventionnelle. Des touches magiques agrémentent périodiquement le récit, ce qui fait un bien fou. La musique alterne entre compositions féeriques et tubes enjôleurs. À chaque nouvelle réalisation, Craig Roberts (que l'on a découvert comme comédien dans le délectable Submarine de Richard Ayoade) fait preuve d'encore plus d'assurance et d'audace.
Alternant entre la sphère publique et privée de son héros, le long métrage est plus à l'aise en mode humoristique que dramatique. Sur le terrain de jeu, par exemple, lors d'une séquence hilarante où le protagoniste se déguise pour pouvoir participer à un important tournoi de golf. Les moments familiaux, censés représenter le coeur profond et touchant de l'ouvrage, peinent toutefois à transcender les stéréotypes en place. Inoubliable dans le précédent Eternal Beauty du même Roberts, Sally Hawkins aurait mérité un rôle plus étoffé afin de rivaliser un tant soit peu avec Rylance qui incarne son époux.
Sympathique à souhait, The Phantom of the Open a le mérite de s'éloigner du biopic traditionnel pour traiter un peu différemment du destin d'un être hors de l'ordinaire qui a permis à monsieur et madame tout le monde de s'approprier un sport élitiste. Même si on n'est pas amateur de golf, il sera aisé d'adhérer à cette création légère et éphémère, seulement pour le brio de sa tête d'affiche.