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Whiplash (nautique)
Il est curieux de voir qu’en l’espace de quelques mois, deux films prenant pour contexte le milieu de la compétition sportive en aviron sortent en salles. Surtout que ce sport nautique ne connaît que très peu de précédents cinématographiques. Sur la ligne du temps, ce « The Novice » est sorti avant (mais en France seulement et pas au Québec où on le découvre sur Netflix) tandis que le « The Boys in the Boat » (ou « Ils étaient un seul homme ») de George Clooney est arrivé en salles à Noël dernier mais juste au Québec (et probablement sur une plateforme bientôt en France), confirmant les aléas et incompréhensions de la distribution. Cependant, s’ils prennent le même contexte sportif, les deux n’ont rien à voir et l’avantage va vers ce « The Novice » bien plus ténu. Ici, point de film à l’ancienne mettant en avant une équipe de garçons dans les années 40 qui va se surpasser jusqu’aux Jeux Olympiques, et tout cela dans le cadre d’une histoire vraie lumineuse. Non, au contraire, on est face à l’histoire d’une jeune fille névrosée qui va se servir de ce sport dans le cadre d’une quête de la perfection frôlant la folie et fondue dans un univers gris et contemporain. En somme, deux mondes, deux ambiances et deux long-métrages aux antipodes l’un de l’autre malgré cette discipline sportive pour dénominateur commun. On pense aussi un peu à « Whiplash » dans la manière dont une pratique (ici sportive donc et non musicale) peut rendre dingue.
« The Novice » peut compter sur la composition intense et monstrueuse d’Isabelle Fuhrman. Celle que l’on a connu enfant diabolique dans le magistral film d’horreur « Esther » est ici tout aussi effrayante mais pour des raisons toutes autres : sa détermination virant à l’obsession pour être la meilleure confine à la psychiatrie. Et dans cette incarnation, elle est incroyable. Sans virer dans l’excès ou le cliché, elle interprète une maniaque du contrôle et du dépassement à merveille. Ce premier film de Lauren Hadaway lui doit beaucoup. Mais on apprécie aussi la mise en scène nerveuse de cette dernière et l’atmosphère dépressive qu’elle crée pour l’occasion. Les décors et les images sont tristement ternes et grises, collant à l’ambiance étouffante du film, et la manière de filmer avec ce montage chaotique nous plonge dans la psyché dérangée et psychotique de son personnage principal. Une protagoniste au profil fouillé aussi passionnant que la dureté de ce sport méconnu. Le film ne perd pas de temps et va à l’essentiel, décortiquant ce besoin de perfection qui anime Dall, l’héroïne. Jusqu’à une conclusion abrupte mais évidente et édifiante. Une belle petite surprise, efficace et originale, qui nous happe et nous bouscule.
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