Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
Frissons symétriques.
On est ici loin, très loin, des films d’horreur qui pullulent sur les écrans de cinéma et en VOD chaque mois des deux côtés de l’Atlantique. Avec cette œuvre présentée dans pas mal de festivals, nous sommes dans un film de genre adulte, mature et bien plus intelligent que la plupart des productions petit budget et gros profits de Jason Blum pour ne citer que celles-là (« Ouija », « Action ou vérité », ...) en vogue actuellement. « La Proie d’une ombre » est davantage un thriller psychologique mâtiné de fantastique qu’un pur film d’horreur. Il se rapproche en cela de l’école fantastique espagnole apparue au début des années 2000 avec des films comme « L’Orphelinat ». Il n’y a ici aucune saillie gore car l’horreur est plutôt introspective. Pas plus qu’il y a de jump scare ridicule et forcé avec notes de musique stridentes pour nous dire quand il faut sursauter. En gros, ce long-métrage s’écarte fortement des modes en vigueur dans le genre et c’est tant mieux. Le mystère nous emporte, la mise en scène est racée et l’atmosphère diaboliquement anxiogène est inquiétante.
David Bruckner fait partie des cinéastes de films de genre à suivre. Après l’intéressant « The Signal » il avait mis en scène un long-métrage horrifique viscéral qui faisait vraiment peur. En effet, « Le Rituel » et ses randonneurs perdus dans une étrange forêt suédoises dont les habitants avaient des coutumes pas très catholiques. L’ambiance et les effets étaient juste très flippants et, si ici c’est bien moins radical et beaucoup plus suggestif, le résultat est tout aussi réussi. Mais pour que cela soit aussi immersif et captivant il fallait une bonne actrice car durant les trois quarts du film, il n’y a que le personnage principal de cette jeune veuve isolée dans cette maison. Bruckner a vu le juste en portant son choix sur Rebecca Hall plutôt que de prendre une midinette interchangeable comme on en voit tant dans les films de ce genre. L’actrice anglaise est intense et son jeu nuancé et très réaliste participe pour beaucoup dans l’identification au personnage. A plusieurs reprises on se dit qu’on agirait et réagirait exactement comme elle dans le moindre de ses gestes ou parole.
« La Proie d’une ombre » la joue donc subtile et humble avec brio et à raison. Le suspense qui entoure cette maison et le décès du mari s’épaissit doucement et les révélations nous arrivent au compte-gouttes avec un sens du rythme irréprochable. Et lorsque l’on apprend le fin mot de l’histoire on est bien content que tout cela s’éloigne du tout-venant des films de maison hantée. C’est d’ailleurs bien plus que cela ici puisque, par le biais du fantastique, notre rapport au deuil mais surtout au couple est autopsié. Un thriller fantastique qui a de la profondeur donc. Enfin, l’aspect visuel est très soigné et si on aurait aimé que le concept d’inversion soit plus poussé sur le fond comme sur la forme, l’idée est bonne. De plus, s’il persiste quelques zones d’ombre et un final peut-être un peu trop heureux, on marche à cent pour cent dans ce mystère qui inquiète et prend aux tripes. Une petite réussite du genre à ne pas louper.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Qui est la ?
Suspense d’épouvante britannique réalisé par David Brukner (Vendredi 13 (2017), V/H/S , The Amityville Horror: The Lost Tapes). IL met en vedette Rebecca Hall (Le prestige, Le cadeau, etc.) dans le rôle de la veuve Beth. Vivant seule dans la maison qu’a construit son défunt mari, elle devra faire son deuil, mais rapidement elle ressent une présence. Intrigue captivante, sursauts, stress et découvertes vous attendent. 8/10