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Richie's Inglourious Basterds.
À la vue du dernier film de Guy Ritchie, un constat nous vient évidemment à l’esprit : le cinéaste britannique, qui nous a livré récemment l’excellente série « The Gentlemen » elle-même adapté de son film éponyme tout aussi excellent, tourne peut-être trop. Depuis quelques années, il a adopté un rythme stakhanoviste où il pond presque un film par an et, pour la première fois, la qualité s’en ressent ici après un trio de bons films du samedi soir que furent « Un homme en colère », bon remake de « Le Convoyeur », l’amusant et léger « Opération Fortune : ruse de guerre » et le film de guerre tendu et flamboyant « The Covenant ». En effet, ce rythme frénétique sur des productions de gros calibre allait forcément un jour lui porter préjudice et c’est un peu le cas avec son dernier opus, « Le Ministère de la Sale Guerre ». Un film qui, pourtant, développait un sujet passionnant inspiré de faits historiques mais s’avère au demeurant une simple série B sympathique mais surtout très dispensable et un chouïa décevante. On aurait pu avoir un grand film mêlant aventures, action, Seconde Guerre Mondiale et Histoire sur un ton léger comme sait nous les prodiguer Ritchie mais on aura juste droit à une série B d’action exotique qui prend quelques faits historiques comme prétexte.
Et, en voyant ce film, on pense aussi forcément à l’une des œuvres de Quentin Tarantino sur un sujet et une tonalité voisine : il s’agit bien sûr de « Inglorious Basterds ». Chasse aux nazis, personnage féminin vengeur, groupe badass dézinguant de l’uniforme avec humour et de la violence décomplexée, on pourrait presque croire à un remake. Mais le talent et la folie en moins. Et, surtout, la patte de Tarantino étant difficile à reproduire, Ritchie a le bon goût de ne jamais s’y frotter préférant offrir un simple spectacle pétaradant du samedi soir. Pourtant, avec un tel sujet tiré de faits historiques réels, il aurait pu confectionner un grand spectacle à l’ancienne mais il semble avoir remisé l’ambition au placard et l’envie d’offrir quelque chose de grandiose pour une autre fois. La fatigue ou la panne d’inspiration ne sont pas loin et on est donc frustré qu’un tel sujet accouche d’un simple film d’action, certes bien exécuté, mais qui s’apparente davantage à une série B de luxe et s’avère au final plutôt cool mais totalement dispensable.
Rien que le traitement du casting et des personnages est symptomatique de cet aveu de (semi) échec. La distribution est bonne et hétéroclite et, vue d’ensemble, elle est pertinente et bien choisie. D’Henry Cavill en meneur à Eiza Gonzalez en femme fatale en passant par Henry Golding en poseur de bombes ou au méchant Til Schweiger, c’est très attirant sur le papier mais ils ont peu à jouer (hormis peut-être le personnage féminin de Gonzalez, le mieux loti) et leurs personnages sont creux au possible et jamais exploités à bon escient. En revanche, Ritchie sait toujours bien filmer ses scènes d’action et optimise plutôt bien son décor exotique et maritime qui rend « Le Ministère de la Sale Guerre » un peu plus original que la moyenne. Mais si les premières scènes d’action sont bonnes, notamment le sauvetage en passant de l’un des membres de l’équipe, et que l’extermination joyeuse des nazis fait toujours son petit effet, la seconde partie voyant l’opération se mettre en place pêche par une mise en scène nocturne frustrante et des enjeux qui manquent de clarté et de tension. Après deux heures plutôt divertissantes et quelques approximations historiques, on se dit qu’un tel sujet méritait bien mieux que ce film d’action anodin malgré sa mise en scène appliquée. Un goût de trop peu en somme...
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