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Le Frears perdu.
Comme beaucoup de cinéastes âgés et reconnus à la carrière florissante, Stephen Frears a connu des hauts et des bas. On peut dire que l’apogée de sa carrière s’est situé entre « High Fidelity » et « The Queen » au début des années 2000. Mais il faut avouer que depuis une dizaine d’années, peu de ses œuvres ont marqué le cinéma et, de manière plus restrictive, sa filmographie. Pas qu’elles soient mauvaises, juste plutôt oubliables ou anodines (« Florence Foster Jenkins » ou encore « Confident royal » en attestent). Pour être honnête, depuis le magnifique « Philomena » avec Judi Dench, on n’a jamais été vraiment passionné par ce que l’auteur britannique avait à nous offrir, celui-ci allant même jusqu’à proposer un navet comme « Lady Vegas ». Et, malheureusement, si « The Lost King » ne tombe pas si bas, il n’est pas vraiment plus engageant ou palpitant.
Si certaines histoires vraies et, à priori, incroyables méritent d’être portées sur grand écran, il faudrait peut-être que le monde du septième art, semble-t-il en manque d’inspiration total, arrête de vouloir mettre en film ou série n’importe quel fait divers potentiellement adaptable. La caution « tiré d’une histoire vraie » ou « inspiré de faits réels » n’est pas synonyme ou gage de qualité. Ce récit d’une passionnée d’histoire qui va réhabiliter la vérité sur un illustre roi anglais (Richard III), sali par les écrits de Shakespeare ou la désinformation de la famille Tudor, aurait pu être passionnante. Mais de deux choses l’une : soit Frears n’a pas su la rendre captivante au scénario comme à la mise en scène, soit l’histoire en elle-même n’avait rien de cinématographique, aussi originale et incongrue soit-elle. Le véritable bon point du film est de distiller intelligemment une morale selon laquelle, ce qu’on nous apprend ou ce qu’on veut nous faire croire (dans les livres d’histoire ou dans les universités) n’est pas forcément la vérité vraie et que ce sont toujours les vainqueurs ou les dominants qui écrivent les livres d’Histoire. Un mini coup de pied dans l’ordre établi et le formatage de nos cerveaux qui fait du bien.
Sinon revoir Sally Hawkins, toujours agréable, nous refaire un rôle similaire à celui de « La Forme de l’eau » n’a que très peu d’intérêt. Ses visions de Richard III, qui déambule avec elle en mode fantôme dans les rues écossaises, se révèlent une fausse bonne idée, davantage ridicule qu’amusante. Ses problèmes de couple censés aérer le récit principal restent bien trop en surface pour nous intéresser. Et surtout, « The Lost King » ne parvient pas à vulgariser son contexte de manière assez claire et probante. Comme si le long-métrage avait été uniquement fait pour le public britannique intéressé ou pour des férus d’Histoire tels que ceux du club Richard III présentés dans le film. Les tenants et les aboutissants de la recherche de la dépouille de ce Roi et ce qui va en découler demeure fouillis et surtout pas vraiment dignes d’intérêt. Heureusement, le film est rythmé et la ténacité du personnage principal amuse, on a de l’empathie pour elle et son succès fait mouche. Il n’en demeure pas moins que tout cela ne méritait pas un film de fiction. En tout cas pas celui-là. Et encore moins venant d’un auteur comme Stephen Frears.
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