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Europa Corpse.
Mais qu’est-ce qui est passé par la tête de John Woo? On se le demande encore! Réaliser le remake de son propre film est déjà une idée saugrenue, surtout lorsque c’est l’un de ses meilleurs (le polar hongkongais éponyme qui l’a révélé), mais quand on voit le résultat on se dit que le cinéaste s’est clairement tiré une balle dans le pied avec cette idée capillotractée. Alors certes, il n’est pas le seul, on a quelques rares exemples tels que celui de Mickaël Haneke et son remake américain plutôt réussi de « Funny Games » ou celui identique à la version asiatique de « The Grudge » par Takashi Shimizu, tous deux destinés à flatter le public US. Mais là on ne voit pas trop le but, ni à qui cette nouvelle version s’adresse surtout que le film passe de Hong-Kong à la France et non pas aux États-Unis. Hormis de vouloir réactualiser un film qui n’en avait pas besoin, c’est l’incompréhension totale et cette démarche salit clairement l’original tellement c’est mauvais. Une vaste blague où rien ne va et qui dure plus de deux heures. Comme si Woo, qui était pourtant revenu avec la sympathique série B « Silent Night » l’an passé après une bonne décennie à avoir quitter Hollywood pour retourner chez lui, se parodiait lui-même. Car, clairement, ce « The Killer » est une caricature de son propre cinéma mais le problème est que ce n’est même pas drôle, c’est affligeant et consternant.
Il débite à la chaîne tous les clichés de son cinéma, en use et en abuse. On a donc droit à ses sempiternelles vols de colombes et à ses aux ralentis poussifs et abusifs que plus personne n’ose faire depuis dix ans. Les personnages ne sont pas attachants et le fait de vouloir être à la mode en féminisant le film avec une tueuse plutôt qu’un tueur ne change rien. Entre les « Atomic Blonde », « Colombiana » et consorts pour citer les meilleurs, les films d’actions au féminin sont une zone d’embouteillage désormais. Même les hommes de main sont des femmes ici pour faire tendance. L’intrigue est sommaire et prévisible tout comme l’identité du méchant et les acteurs vont du passable (Nathalie Emmanuel ou Éric Cantona) au mauvais (Sam Worthington), voire à l’erreur de casting (Omar Sy). Les séquences d’action sont vues et revues et aucune ne sera mémorisée après la vision d’un film qui ressemble à une vieille production Europa Corp. de Luc Besson des années 2000. Quant au Paris de carte postale qu’il met en scène, on le croirait presque sorti de la série « Emily in Paris ». Woo semble être resté bloqué dans le siècle passé avec ce film pénible et périmé. À fuir même pour passer le temps.
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