Nous ne faisons généralement pas, sur Cinoche.com, de critiques de films qui ne prennent pas l'affiche dans les salles, mais je crois qu'on peut considérer The Interview comme un cas d'exception. Pour contrer la menace terroriste qui planait sur les cinémas qui auraient osé projeter le long métrage, Sony a décidé de rendre disponible le film sur internet le jour de sa supposée sortie en salles. Vous pouvez d'ailleurs le louer en vous rendant sur le site officiel. Comme le film n'avait pas été traduit, bien des Québécois n'auraient pas eu la chance de voir la comédie sur grand écran comme la plupart des établissements en région ne présentent pas de longs métrages en anglais. Cette distribution sur internet est donc profitable pour nous.
Maintenant, est-ce que c'est bon? La plupart des critiques s'entendent pour dire que la qualité de The Interview ne nécessitait pas tant d'attention médiatique, et ils ont probablement raison, mais comme, personnellement, je m'attendais à un navet, je me suis surprise à rire à plusieurs reprises. Bien entendu, Seth Rogen et James Franco ne font pas dans la subtilité. La plupart des blagues sont grasses et la vulgarité et le salissage atteignent des sommets rarement rejoints par ce genre de comédies. On comprend un peu pourquoi la Corée du Nord s'est donné tant de mal pour que le film ne soit jamais dévoilé au monde (quoique j'aille encore des doutes sur les véritables origines des pirates informatiques qui ont engendré cette mascarade autour de la sortie de The Interview).
Comme les caméos de célébrités avaient fait fureur auprès des fans dans This is the End, Rogen et Franco réitèrent l'exercice dans The Interview. Eminem, que l'on voit dans les premières secondes du film, est absolument hilarant et lance la comédie de belle façon. Bien qu'ils ne font pas dans la dentelle, Seth Rogen et Evan Goldberg ont une écriture plutôt intelligente. Évidemment pas au niveau des thématiques traitées, mais davantage dans la manière dont le texte est délivré. Ces innombrables références à Lord of the Ring; « tu es mon Gollum et je suis ton anneau », sont toujours bien placées au sein du récit et les situations abracadabrantes dans lesquelles les personnages se jettent apportent plusieurs fous rires.
Par contre, comme c'était aussi le cas pour This is the End, le film est inégal. La première heure est très efficace, mais dès que les personnages rencontrent Kim Jong-un, le rythme s'alanguit et l'efficacité de la satire s'amoindrit elle aussi, jusqu'à la finale, où il est difficile de ne pas décrocher tellement on plonge tête première dans l'absurde. On comprend bien sûr que l'objectif était justement l'exagération, mais elle arrive un peu trop tard. De plus, il aurait été facile ici d'éviter les blagues de pet, d'excréments et de vomi - le film avait suffisamment de pistes intéressantes pour ne pas s'aventurer sur cette route -, mais les auteurs n'ont pu s'empêcher cette voie et nous, on ne peut retenir notre déception.