Boxe féministe.
Loin de la dramaturgie inoubliable et de l’émotion procurée par la fiction « Million Dollar Baby » de Clint Eastwood et son inoubliable boxeuse incarnée par Hilary Swank, ce film de boxe au féminin se propose de nous narrer l’incroyable parcours véridique de la boxeuse Claressa Shields. Elle devint la première femme à remporter deux fois la médaille d’or aux Jeux Olympiques de suite quand la discipline s’ouvrit aux femmes en 2012. « The fire inside » est aussi le premier long-métrage de la directrice de la photographie Rachel Morrison qui a officié sur, entre autres, « Black Panther » ou la série « Dope ». Le film est en outre écrit et produit par le réalisateur de l’oscarisé « Moonlight », Barry Jenkins. Un patronage prestigieux que l’on sent justement dans l’écriture et le soin apporté aux personnages et au contexte social du long-métrage qui ne se résume pas à un simple film de boxe ou même un banal film sportif, sous-genre prisé et productif du cinéma américain avec ses clichés et ses passages obligés. Ce n’est pas pour autant que le long-métrage ne rentre pas dans les cases de l’œuvre classique et appliquée sans que cela soit un défaut. Le parcours de cette jeune femme est incroyable mais son déroulement à l’écran reste commun à beaucoup de biopics, quels qu’ils soient, et le film demeure donc prévisible et relativement trivial. Il n’en demeure cependant pas moins agréable et efficace.
L’interprétation de la jeune Ryan Destiny est en tous points parfaite et, dans le rôle un tant soit peu galvaudé du coach, Brian Tyree Henry n’a rien à lui envier. Ils forment tous deux un joli duo de cinéma, presque à l’ancienne pourrait-on dire. La caméra de Rachel Morrison n’a pas son pareil pour filmer la ville de Flint, personnage à part entière de « The fire inside ». On sent une agglomération en proie à la misère sociale et à la désertification, un endroit à l’économie en berne où règne la grisaille et la tristesse qui apporte un contexte fort au film. En revanche, les combats de boxe n’ont peut-être pas l’impact espéré, trop elliptiques et pas assez tendus et bruts, ils ne nous impressionnent pas autant qu’on l’aurait espéré. Le film alterne impeccablement les séquences sportives et celles à consonnance plus sociale. Que ce soit sur l’état des lieux de la ville native du personnage principal comme on l’a vu mais aussi sur la condition des femmes au sein d’un sport comme la boxe. C’est un détour intéressant qui montre que malgré les victoires et le succès, le public et les annonceurs ne sont pas prêts à suivre et s’identifier à une femme qui boxe et met des coups il y a de cela une quinzaine d’années. Un petit plus non négligeable et bien traité qui élève le film. « The fire inside » est donc une première œuvre intéressante et maîtrisée à défaut d’être renversante et inoubliable, son côté quelque peu banal l’empêchant de marquer durablement les esprits.
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