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Film bien rempli.
Une chose est sûre : « The Empty Man » est un film d’épouvante qui ne rentre dans aucune des cases actuelles du cinéma de genre. Et il y en a trois énormes depuis quelques années, au milieu desquelles il est difficile de se faire une place. Ce bon film ne se gêne pas pour se glisser à raison dans ce creux inoccupé sans que l’on comprenne pourquoi. D’un côté il y a le nouveau cinéma d’auteur horrifique porté par des noms pour lesquels on ne tarit pas d’éloges sur cette page, on parle bien entendu d’Ari Aster, Roberts Eggers et consorts. De l’autre, ce sont tous ces films d’horreur interchangeables aux frissons facilex qui fleurent plus souvent le navet que la bonne petite série B à quelques exceptions près (« Get out », « The Conjuring », ...). Enfin il y a tous les films fantastiques venus d’autres contrées que celle de l’Oncle Sam. Ici pourtant, ce film sort de ces autoroutes de la peur et prouve que l’on peut faire du cinéma d’épouvante pour adultes, hors des modes, avec un vrai sujet et sans sursauts faciles, ces fameux et horripilants jump scares dont on se demande encore comment ils peuvent exister et fonctionner sur certains spectateurs.
Déjà, l’entame de ce film est peu commune. On passe en effet presque une demi-heure avant que le titre du film n’apparaisse dans les montagnes reculées du Bhoutan où quatre randonneurs vont faire une macabre découverte. Efficace et effrayant, ce prologue mystérieux nous donne déjà notre lot de frissons de manière alléchante. On ne peut nier que le film ne tiendra pas cette belle vitesse de croisière sur ses plus de deux heures mais ça a sacrément de la gueule. Car oui, la plupart des séries B horrifiques durent une heure et trente minutes top chrono. Il ne faudrait pas que les ados hyperactifs friands de ce type de produits pour emballer leur moitié ou pour sauter de son siège en riant à haute voix dans la salle parce qu’on a eu un semblant de frisson soient déstabilisés. A côté, « The Empty Man » fait figure d’anomalie avec ses presque deux heures et demie. C’est très rare et il est appréciable de voir un film de la sorte prendre son temps pour installer une atmosphère, d’ailleurs ici glauque à souhait, et creuser ses personnages de manière à les rendre crédibles et humains. Et c’est réussi même si on ne peut contredire qu’il y a quelques longueurs et que deux heures auraient suffi. On peut aussi désapprouver le fait que le script laisse planer pas mal de zones d’ombre et que la fin soit nébuleuse, mais c’est parfois le propre du fantastique.
La quête de cet ancien inspecteur de police pour retrouver sa voisine va le faire plonger dans un monde obscur entre secte, pratiques occultes et métaphysique. Il n’y a pas à proprement parler de boogeyman mais juste une idée de ce que l’on se fait de ce type de croque-mitaine. On n’en dira pas plus mais le peu de scènes destinées à nous faire nous accrocher aux accoudoirs sont pleinement réussies. « The Empty Man » fait peur et le fait bien (la scène inaugurale, celle dans le sauna, ...) et une séquence hautement anxiogène et qui met le trouillomètre en folie fait furieusement penser à « The Wicker Man » et ses paysans adeptes de satanisme. On est donc captivé par cette enquête très sombre et poisseuse où le fantastique prend une tournure plutôt inattendue et qui nous réserve un rebondissement vraiment surprenant. En bref, si vous voulez un film d’horreur adulte et terrifiant avec du fond sans pour autant être trop pointu et contemplatif ou difficile d’accès, c’est plutôt le compromis idéal.
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