*** Vu au TIFF 2018
Il faut dire que Xavier Dolan nous a fait attendre longtemps pour celui-là! Nous avions très hâte de découvrir ce que nous réservait le jeune prodige pour son premier long métrage en langue anglaise. Avec des noms comme Susan Sarandon, Kathy Bates, Natalie Portman et Kit Harington, il avait, très certainement, attiré notre attention, comme celle de bien des médias à travers le monde.
Après que le réalisateur ait annoncé qu'il retirait le personnage de Jessica Chastain de son projet, nous avions alors cru au pire : le cinéaste avait-il des problèmes avec son film? Qu'il ait eu des difficultés ou non avec sa production, le résultat final réussi à convaincre.
Plus accessible que ses oeuvres précédentes, The Death and Life of John F. Donovan nous surprend à la fois par sa candeur et son intensité. Le film nous offre des scènes déchirantes et tragiques, mais aussi quelques gags succulents, qui viennent pimenter l'ensemble de l'oeuvre. La trame sonore ne déçoit pas non plus avec ses airs pop pimpants qui animent le film d'une sorte de béatitude bienvenue.
La thématique mère/fils, très présente dans le cinéma de Dolan, est toujours à l'avant-plan ici. Natalie Portman et Susan Sarandon personnifient toutes deux des mères imparfaites, mais attachantes et aimantes. Les deux actrices livrent des performances spectaculaires, tout comme leurs complices masculins, à commencer par Kit Harington. Ce dernier porte le film sur ses épaules. Son alter ego, le fameux John F. Donovan, intrigue. Sa solitude dans la célébrité nous touche dès les premiers instants. Le comédien de Game of Thrones démontre rapidement toute la fragilité et la détresse de son personnage et évite d'en faire un être ténébreux. Il faut également souligner le travail exceptionnel du jeune Jacob Tremblay, maintenant âgé de 12 ans, qu'on voudrait prendre dans nos bras et consoler.
L'esthétique de The Death and Life of John F. Donovan est beaucoup plus sobre que celle de Mommy ou de Laurence Anyways par exemple. Il s'agit certainement du film le plus accessible de réalisateur, tant dans son contenu que dans son contenant. Reste qu'il y a des scènes magnifiques dans ce film qui méritent notre attention. Cette séquence où la famille de John se retrouve dans la salle de bain est superbe. Ses quelques gros plans, répartis ici et là, apportent également une intimité et une proximité avec les personnages qu'on apprécie.
« Live before you lie »
Par contre, les dialogues ne sont pas aussi efficaces que ce à quoi Dolan nous a habitués. Peut-être est-ce plus facile pour le réalisateur d'écrire des textes poétiques en français plutôt qu'en anglais... Mentionnons également que les coupes se font sentir à plusieurs reprises. Il est évident que le cinéaste a dû s'arracher les cheveux en salle de montage pour parvenir à cette durée de 127 minutes. Il ne manque pas d'informations à proprement parler, mais certains filons restent inexploités.
The Death and Life of John F. Donovan n'est peut-être pas l'oeuvre la plus forte du répertoire de Dolan, mais le film nous transporte et nous émeut comme sait si bien le faire le cinéaste de 29 ans. Bien loin d'être l'échec qu'on craignait, le nouveau film de Dolan est intéressant, malgré son aspect plus commercial.