Il y avait de quoi se réjouir de voir Seth MacFarlane, le créateur de Family Guy et de American Dad!, se consacrer à un premier long métrage pour le cinéma. Allait-il pouvoir garder son humour provocateur et maintenir un niveau respectable de créativité dans un contexte aussi balisé que le cinéma de fiction? Allait-il pouvoir s'accommoder du format du long métrage (90 min.), qui est très différent de celui de la télévision (22 min.)? Allait-il pouvoir réaliser un film cohérent malgré tout? Les réponses à ces questions sont majoritairement positives, mais...
Ted mérite qu'on rie de bon coeur et à gorge déployée devant ses nombreuses blagues. Elles sont le fruit d'une habile mise en contexte et sont livrées avec un véritable talent, tant au niveau du rythme que du punch (même les blagues scatologiques parviennent à étonner). Rien de surprenant, Seth MacFarlane a l'habitude et il maîtrise ici particulièrement bien son sujet. Franchement, Ted a certaines des meilleures blagues de l'année en plus d'une situation initiale vraiment hilarante. La longue et hésitante finale vient malheureusement un peu tout gâcher.
Comme si l'idée d'un jeune garçon et de son ours en peluche devenus adultes s'était effritée d'elle-même (c'est vrai qu'après les avoir montrés évachés devant la télé à fumer du pot, il n'y a pas grand-chose d'autre à dire sur leur amitié); ce sont deux vrais amis, des gars, qui aiment et font de choses de gars et qui réfléchissent comme des gars (mais ils ne sont pas gais). Le film l'illustre très bien. Logique que quand une fille vient tout bouleverser, les choses dégénèrent... mais à ce point?
Après une hilarante mise en contexte et un habile mélange d'émotion et de romantisme (mais pas gai), le troisième tiers du film devient une sorte de suspense (!?!); une poursuite en voiture, des bagarres et même une « tragédie » potentiellement mortelle. Ted n'est pas un suspense, la question n'est pas de savoir s'ils vont s'en sortir ou s'ils vont échapper à leurs « ennemis ». La question n'est même pas de savoir si le garçon (Mark Walhberg, très efficace, surtout qu'il donne la réplique à un ourson en peluche qui n'existe pas) et la fille (Mila Kunis, sous-utilisée, trop cool/conciliante pour le rôle) vont finir ensemble. Alors, pourquoi donner la réponse? Qui en avait besoin pour apprécier?
L'enchaînement des blagues est si efficace, si bien construit, près des personnages, fidèles à leur caractère qu'on entre aisément dans cet univers. Les personnages sont d'ailleurs très engageants, parce qu'ils sont réalistes. Walhberg arrive à faire oublier qu'il est Walhberg, ce qui n'est pas rien. On oublie même qu'on entend parler Peter, Brian, et Stewie Griffin, ainsi que Stan Smith... Certains gags finissent cependant par ennuyer, tout particulièrement leur fascination pour Flash Gordon, pourtant bien présente dans le récit.
Mais en général, voilà une comédie bien maîtrisée qui a apparemment pris au sérieux ses responsabilités envers le genre comique. On le dit, on le répète : faire rire c'est sérieux. Quand c'est fait consciencieusement, c'est encore plus drôle. C'est pourtant pas compliqué. Ted est une comédie sérieuse.