La comédie Tanguy a été un tel succès en 2001, tant en France qu'au Québec, que produire une suite à la hauteur des immenses attentes du public relevait de l'utopie. Le nouveau film allait invariablement souffrir de comparaisons et débiner les fans qui attendent ce retour depuis plus de 15 ans. Ce qui devait arriver arriva, malheureusement. Tanguy, le retour n'est pas parvenu à nous faire oublier l'oeuvre originale du début des années 2000. Trop collé sur sa proposition initiale, Étienne Chatiliez nous offre un long métrage convenu, étouffé dans la nostalgie et le désir de plaire.
Une fois le plaisir de retrouver Tanguy et ses proches passé, le manque d'originalité flagrant de la trame narrative vient rapidement nous agacer. Cette fois, l'adulte de maintenant 44 ans débarque chez ses parents avec sa fille adolescente et profite de la générosité de papa et maman en vivant gracieusement sous leur toit, le temps que les blessures d'une récente séparation difficile soient pansées. L'idée d'amener la petite-fille dans le portrait n'était pas dénuée d'intérêt, mais la jeune comédienne Emilie Yili Kang est beaucoup trop flegmatique pour convaincre. On comprend qu'elle tend ici à imiter le comportement désinvolte d'Éric Berger (Tanguy), mais son jeu manque de nuances pour amener le public à s'attacher à elle.
Les acteurs de grand talent Sabine Azéma et André Dussollier sont, de leur côté, aussi charmants et caustiques qu'ils l'étaient à l'époque. Lorsqu'ils constatent que leur Tanguy leur refait le même coup qu'il y a 15 ans, ils sont prêts à ressortir leurs vieux trucs pour encourager à nouveau l'oiseau à quitter le nid. Mais ces stratagèmes ne sont pas bien différents de jadis et n'apportent pas beaucoup de fraîcheur au récit. L'humour a évolué au cours des dernières années et on aurait espéré que les dialogues soient plus affutés et modernes qu'à l'époque. Le premier volet bénéficiait d'un scénario plus cinglant et féroce que celui-ci et le personnage-titre était aussi beaucoup plus mordant. Tanguy a mal vieilli.
Même si le nouveau film est moins long en termes de durée que le premier, il nous apparaît pourtant interminable à certains moments. La quête des grands-parents à blesser physiquement et psychologiquement - sans vergogne - leur petite-fille et son nouveau copain nous rend plus perplexes qu'hilares et les situations cocasses sont tellement copiées sur le premier film que les rires viennent moins instantanément.
Si vous avez adoré l'oeuvre originale et rêviez à une suite, peut-être que ce film prévisible saura vous combler grâce à son esprit nostalgique et son humour bon enfant. Mais, si vous en avez marre des suites et espériez une production audacieuse à la hauteur du Tanguy de 2001, on vous conseille de passer votre chemin. Ce retour déçoit plus qu'il ragaillardit.