Enfin une nouveauté alléchante à se mettre sous la dent! Ça faisait longtemps qu'on espérait ce film, qui allait nous ramener dans les salles. Target Number One, même s'il n'est pas parfait, se qualifie certainement en tant que prétendant au titre. Le long métrage canado-québécois possède suffisamment de belles qualités pour qu'on le choisisse comme première sortie au cinéma depuis des mois.
Le film raconte l'histoire d'un ex-héroïnomane de 27 ans, qui se fait piéger par les forces de l'ordre canadiennes et se retrouve derrière les barreaux d'une prison thaïlandaise, de même que celle d'un journaliste d'enquête qui décide d'exposer cette injustice au grand jour. Antoine Olivier Pilon apporte beaucoup d'humanité à son personnage, Daniel Léger, un petit dealeur sans histoire qui se retrouve coincé dans un complot qui le dépasse. Après avoir enchaîné les rôles d'enfants et d'adolescents, l'acteur de 23 ans incarne pour la première fois un adulte à l'écran. Si sa bouille juvénile le rend un peu moins crédible en caïd, la justesse de son jeu compense largement. Josh Hartnett s'avère, lui aussi, convaincant sous les traits de ce reporter obsédé par son travail, persévérant et empathique.
L'histoire se déploie en parallèle à deux époques différentes; on voit à la fois la genèse de cette machination qui a entraîné Daniel Léger dans un guet-apens, puis l'enquête du journaliste qui l'emmènera jusqu'en Thaïlande à la rencontre du petit malfrat québécois. Le premier volet - celui de Daniel Léger - prend du temps avant d'atteindre un rythme de croisière. On peine à s'attacher à ce revendeur de drogues paumé et un peu naïf. C'est lorsque ce dernier s'entretient avec le personnage de Josh Hartnett pour la première fois qu'il gagne de l'intérêt. La deuxième portion nous tient davantage en haleine.
Évidemment, la notion d'« histoire vraie » vient jouer un rôle important dans notre engouement pour ce récit. Le fait que ce Daniel Léger (nom fictif) ait réellement été victime des arnaques dépeintes dans la production nous fascine. Sans le sceau de l'« histoire vraie », le film de Daniel Roby aurait été bien plus banal. Il faut dire aussi que le réalisateur privilégie l'histoire aux fioritures de sa caméra. Il y a bien quelques scènes présentant des qualités techniques exceptionnelles - dont ce plan-séquence de bagarre dans la prison thaïlandaise - mais rien de trop exubérant qui l'emporterait sur le propos et la cause.
Target Number One bénéficiera assurément du fait qu'il est la seule (ou presque) nouveauté dans les cinémas, à peine rouverts. Le film mérite certainement qu'on se présente dans les salles sombres. En plus de nous divertir pendant 2 h 15, il nous amène à réfléchir sur le poids de la justice, ce qui n'est pas négligeable.