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Naître à 15 ans.
Très belle surprise. La thématique n'est pas nouvelle mais ici, elle est traitée d'une manière tout à fait originale. Cette adolescente (elle part de loin) se découvre elle-même ainsi que le vrai monde avec sa beauté et sa laideur aussi. La jeune actrice (Lou Thompson) est impeccable et Édith Cochrane en tante alcoolique, très crédible et... drôle, bien sûr.
Amish style VS Montreal style.
Plus de dix ans après son précédent film « Catimini », la québécoise Nathalie Saint-Pierre revient avec un récit initiatique d’une très grande maîtrise formelle et narrative. Elle nous conte l’histoire de Clara qui vit avec sa sœur et ses parents dans une communauté religieuse coupée du monde au fin fond du Québec. Une communauté qui s’apparenterait presque à une secte couplée au mode de vie de la communauté Amish. Lorsque sa sœur disparaît, Clara décide de partir pour Montréal où elle pense retrouver sa sœur et débarque chez sa tante fantasque et alcoolique. On passe donc ici d’une exposition en pleine campagne immergée dans la nature verdoyante dans une communauté vivant en autarcie (on pense presque à « Midsommar » pour le côté culte religueux et à « Women talking » pour le côté rejet des la modernité) au tumulte de la vie montréalaise estivale. Et tout le film va se jouer admirablement et finement de cette opposition des contraires tout en nous mettant aux basques de Clara qui tente désespérément de retrouver sa sœur en apprennant bien maglré elle à vivre différemment.
« Sur la terre comme au ciel » peut déjà compter sur ses deux fabuleuses actrices. Lou Thompson dans son premier rôle à l’écran joue avec beaucoup de justesse et de véracité cette jeune fille élevée dans l’amour de Dieu et la peur du monde extérieur, celui des « égarés ». Un monde totalement en décalage de celui dit civilisé et développé, qui va petit à petit lui apprendre les us et coutumes de la grande ville. Entre tristesse, fragilité et détermination, elle irradie le long-métrage. En face, dans le rôle pas forcément facile de la tante bohème qui aime la bibine, Edith Cochrane s’en tire avec les honneurs, se révélant aussi drôle et inconséquente qu’émouvante et touchante dans sa solitude. Leurs interactions et les dialogues sur le monde et la vie qui vont avec nous gratifient des moments les plus drôles du film. Le fossé entre ces deux personnalités et leur mode de vie occasionne maints fous rires. Et Saint-Pierre a le bon goût de ne pas opposer les deux façons de vivre par la critique ou la moquerie facile de l’un par rapport à l’autre. Ce n’est pas au détriment de la vie qu’a toujours connu Clara (et qui peut correspondre à certains) que la cinéaste présente la chose. Non, elle dépeint les incohérences et l’aveuglement dangereux de cette vie consacrée uniquement à Dieu où « on vit juste pour attendre la mort » sans pour autant glorifier toutes les facettes du confort de la vie moderne (comme la solitude de la tante ou encore les différences sociales représenté par le jeune itinérant). On est donc pas dans une œuvre manichéenne mais une œuvre nuancée où les zones de gris ont leur importance et permettent d’ailleurs de prendre tout cela au sérieux, plus que pour une simple comédie.
Une autre énorme qualité de ce beau film est bien sûr sa mise en scène solaire, ample et généreuse. C’est simple, on n’avait pas vu la ville de Montréal filmée de la sorte depuis longtemps. Tourné dans la chaleur de l’été québécois « Sur la terre comme au ciel » fait briller la ville de mille feux et sous toutes ses (plus belles) coutures. Les espaces verts et les petites rues sont magnifiées tout comme l’immensité du centre-ville, vu du point de vue vierge de Clara, est impeccablement rendue. On a droit à quelques sublimes plans de la ville comme ce lever de soleil aux couleurs chatoyantes par exemple. Montréal est ici un personnage à part entière qui enveloppe parfaitement cette histoire en forme de récit d’apprentissage qui prend la forme d’un avis de recherche. Peut-être un peu long et assorti de petites digressions pas forcément utiles (la relation avec cet itinérant aux actions prévisibles par exemple), le film n’en demeure pas moins lumineux, drôle et vraiment réussi. Une belle histoire aux considérations intelligentes et portant à une douce réflexion sans pour autant oublier de nous amuser et d’être léger.
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Sur la Terre comme au ciel