Rare qu'on associe « communauté chrétienne rigoriste » à « coming-of age lumineux ». Pourtant, c'est ce que la réalisatrice Nathalie Saint-Pierre propose avec son nouveau long métrage, Sur la terre comme au ciel.
Dans ce film d'autrice, deux soeurs, Clara et Sarah, vivent à la campagne avec leurs parents, au sein d'un groupe religieux coupé du monde. Quand Sarah décide de quitter la communauté pour assouvir son désir de liberté, le monde de Clara s'effondre. Après plusieurs semaines à ruminer, l'adolescente décide de partir à sa recherche à Montréal. Clara ira chez sa tante Louise, seule adresse qu'elle connaît en ville. Celle-ci, excentrique, offrira un toit à sa nièce pour dix jours. Clara devra donc tout mettre en oeuvre pour retrouver sa soeur dans les plus brefs délais. Au fil de ses recherches, la jeune femme découvrira les immenses possibilités qu'offre le libre arbitre.
La qualité du drame repose beaucoup sur les interprétations habitées des deux actrices principales, Lou Thompson (dans son premier rôle à l'écran) et Edith Cochrane (sous les traits de l'alcoolique tante Louise). Le regard de la jeune Lou parle de lui-même. La comédienne n'a pas besoin de s'engager dans de grandes tirades pour que l'on comprenne les émotions que vit son personnage. Sensible et pure, on suit le parcours de Clara à travers la fourmillante métropole avec un grand intérêt. Edith Cochrane apporte, de son côté, un aspect humoristique bienvenu à la proposition. Quoiqu'il y ait tout de même beaucoup de chagrin et de mélancolie dans cette femme qui noie ses douleurs du quotidien dans l'alcool, on en vient à s'attacher beaucoup à elle. D'ailleurs, le fait que la jeune Clara ne juge jamais les problèmes de consommation de sa tante aide le spectateur à lui pardonner ses imperfections.
La cinéaste a su injecter beaucoup de sensibilité à son film, tant dans la réalisation que dans les textes. Montréal est vivante et poétique dans la lentille de Saint-Pierre. Ses murales colorées, ses immeubles miroirs, ses parcs verdoyants et ses ruelles invitantes forment une carte de visite plus qu'enviable pour la métropole québécoise. Le scénario, lui, recèle de petites perles de lucidité. La protagoniste est amenée à se questionner sur sa spiritualité, à choisir les choses en lesquelles elle croit, ou non. Sa réflexion, quoiqu'ingénue, nous amène à nous interroger nous aussi sur nos valeurs et nos croyances. La réalisatrice ne nous impose pas une façon de penser. Il n'y a pas de morale pompeuse associée à son film, que l'éclosion d'une forme de recueillement.
Non, Sur la terre comme au ciel n'est pas que légèreté, certains passages plus lyriques peuvent même être pesants, mais, dans son ensemble, le film fait preuve de tellement de sollicitude et de tendresse envers son public qu'on ne peut qu'être happé, puis conquis.