Supercondriaque

Toujours un peu moins drôle d'un film à l'autre, l'effet Dany Boon n'opère plus.

Les singeries incessantes de l'acteur vont de pair avec sa réalisation clinquante et agitée, qui réserve des scènes d'action techniquement correctes, mais totalement dépourvues de suspense.

Bien entendu, il s'agit d'une comédie. Mais il n'y a, dans Supercondriaque, aucun sens du rythme, tout est gratuitement bordélique, aucune cohérence non plus, puisque le réalisateur-acteur ne sait pas vraiment où il se dirige.

En fin de compte, le jeu clownesque de Dany Boon - malgré toute la sympathie qu'il inspire - combiné aux rebondissements abracadabrants d'un scénario un peu échevelé finit par nuire à la qualité de cette comédie un peu grossière, dont le sujet était pourtant prometteur.

Si son écriture comédie est sympathique et bien pensée, il en fait toujours des tonnes en personnage principal finissant par agacer et cassant même la bonne énergie de certains passages (même De Funes en faisait moins à côté).

Supercondriaque est un divertissement bien mené et efficace. Et puis, c'est toujours un plaisir de revoir les deux complices se donner la réplique. Kad Merad et Dany Boon se sont à l'évidence bien amusés dans cette relation amour-haine nourrie par une bonne humeur assez contagieuse.

Non, mais face à cette dégoulinade de gags répétitifs étirée sur près de deux heures, face à une intrigue miteuse et aux mimiques d'un garçon qui semble n'avoir d'autre ambition que de singer Stan Laurel, on mesure combien à un auteur, réalisateur et acteur dont l'avant-dernier film a précipité des millions de spectateurs dans l'adoration il n'y a rien à dire.

Sur un scénario bien huilé, le père de « Bienvenue chez les Ch'tis » réussit à rebondir avec un vrai remède contre la sinistrose.

Proprement filmé, pourvu d'un générique épatant, agrémenté de guest stars sympathiques, ce film n'en reste pas moins, dans sa première moitié, une suite d'amorces comiques...

L'acteur en fait des tonnes dans un film qui manque cruellement de folie.

Si l’initiative de « Supercondriaque » est archi louable, le résultat se révèle désastreux.

Dany Boon signe ici une comédie bien terne autour du thème, pourtant inépuisable, de l'hypocondrie, qu'il entreprend de croiser avec un imbroglio touchant à l'asile politique. On pressent dans la mixture une parabole politique, qui ne fait pas davantage bouger les lignes.