La saison estivale sert souvent de prétexte pour les studios quand vient le temps de sortir un mauvais film. Les justifications sont aussi nombreuses que simplistes : « C'est un film d'action! », « C'est pour se détendre, pas pour réfléchir! » et « Regardez les effets spéciaux! ». Mais il est possible de réunir action trépidante, humour fin, effets spéciaux onéreux dans un seul et même film, tout en respectant ses spectateurs. On pourrait même croire que ce n'est pas si compliqué, tant ça a l'air facile dans Super 8 qui est à peu près tout ce qu'on peut espérer d'un film d'été.
Le plus important était de trouver des personnages à la fois attachants et crédibles. C'est un succès sur toute la ligne pour J.J. Abrams, qui signe le scénario en plus de réaliser le film (et de le produire avec Steven Spielberg); les personnages adolescents sont dépeints avec un respect et une empathie évidents. Une grande part du mérite revient aux jeunes comédiens, dont les deux joyaux sont Joel Courtney - un véritable révélation - et Elle Fanning, une jeune actrice qui démontre une autre facette de son talent après Somewhere. Dans le rôle du père de Joe, Kyle Chandler incarne le véritable « héros américain », non sans une pointe d'ironie, qui baigne d'ailleurs tout le film.
Le fascinant clin d'oeil du film dans le film (alors que les jeunes tournent un film de zombies amateur) ajoute humour et autoréflexivité au long métrage, mettant en relief les mécanismes que le film (Super 8) utilise lui-même : des personnages auxquels on doit s'attacher pour souhaiter qu'ils ne meurent pas, de la production value, etc. En mettant ainsi en évidence les moyens qu'utilisait déjà Spielberg dans les années 80, on évite la simple copie.
Car Abrams se place très clairement en héritier de Spielberg au niveau de sa réalisation, des thèmes abordés (même de l'époque, 1979) et de l'aspect « familial » de son film (qui passe par une utilisation d'euphémismes cinématographiques plutôt que d'un bain de sang). Mais Super 8 mise sur l'efficacité et on ne peut nier que, tant au niveau du rythme que des effets spéciaux, le résultat est probant. Comme un enfant, Abrams s'amuse avec ses jouets - la seule différence c'est qu'ils coûtent 45 millions $. N'hésitant pas à complexifier l'histoire, il augmente la complexité des enjeux, ce qui ajoute à la relation entre les personnages et à leur lutte pour leur survie. La patience dont on fait preuve avant de montrer la créature contribue aussi à la rendre plus mystérieuse et plus effrayante et le scénario n'est pas construit sur une erreur flagrante de logique comme c'est si souvent le cas.
On pourrait être légèrement déçu par le dénouement, qui offre une explication convenue des mystérieux événements qui frappent la petite ville de Lilian, en Ohio et qui s'avère plus consensuelle, alors qu'on fait bêtement appel à des émotions faciles et une sorte de message maladroit de réconciliation. Mais bon, au fond, c'est juste un film d'été...