Après le succès qu'a obtenu Twilight dans les salles, tout le monde tente, de peine et de misère, de recréer l'engouement qu'ont entraîné le vampire Edward et l'humaine Bella auprès d'un public d'adolescents et de jeunes adultes. Warner Bros. a choisi d'investir ses millions dans l'histoire d'une jeune ensorceleuse de 16 ans qui est sur le point de faire face à sa destinée. Évidemment, l'amour - le « vrai », celui qu'on vit à l'adolescence - a une place importante dans le récit et influencera le reste de sa vie de sorcière, bonne ou mauvaise, selon ce qu'en décidera la lune...
Une qualité que possède Beautiful Creatures et que Twilight n'avait définitivement pas, c'est la finesse des effets spéciaux. Peut-être que les créateurs de Beautiful Creatures ont pris davantage de temps pour peaufiner le visuel du film avant de le présenter au public que les adaptations des livres de Stephenie Meyer (peut-être avaient-ils simplement plus de temps), mais, quoi qu'il en soit, le résultat dépasse outrageusement la risibilité des quelques artifices techniques que renfermait Twilight. Les décors sont également sublimes et les costumes (principalement, les robes des ensorceleuses) cohérents avec la somptuosité de l'esthétique globale.
Comme avec Twilight (désolé pour la référence persistante, mais elle est tellement évidente qu'il m'est presque impossible de les dissocier), Beautiful Creatures met en scène des acteurs quasi inconnus pour ne pas que le jeune public les associe à des performances précédentes et pour qu'il se crée une toute nouvelle mythologie. Alden Ehrenreich et Alice Englert sont les élus et, règle générale, ils sont à la hauteur des rôles qu'on leur a gracieusement proposés.
Il y a certains passages trop languissants et d'autres beaucoup trop précipités, notamment une scène dans la bibliothèque où les protagonistes cherchent un livre symbolique parmi les bouquins empoussiérés et s'aperçoivent - sous l'étonnement général - qu'il s'agit peut-être de l'immense grimoire caché derrière la porte blindée. L'histoire d'amour est, elle aussi, développée à la hâte. On explique cette rapidité par le fait que les deux héros sont des âmes soeurs, qu'ils s'aimaient avant de se connaître, mais cette promptitude empêche le public (féminin) de se bâtir des attentes et d'espérer fébrilement qu'ils s'embrassent enfin. Dans cet ultime baiser se trouve habituellement l'intérêt de la plupart des productions du genre. Si on nous le propose après vingt minutes que reste-t-il à espérer? Est-ce que l'aspiration de la préservation d'un amour est suffisante pour retenir l'attention de ce public? Peut-être...
L'humour, qui aurait pu être une force maîtresse du long métrage, est, la plupart du temps, mal dosé. Certaines répliques sont cinglantes et efficaces alors que plusieurs tombent à plat rapidement. Beautiful Creatures se prend au sérieux, et il est facile d'y croire, malgré l'invraisemblance de ses prémisses puisque les textes sont bien montés et qu'on ne tente de pas de surexpliquer les choses inexplicables ou de prétendre être ce qu'on n'est pas.
Beautiful Creatures réussit probablement ce qu'il voulait faire, et distraira, sans aucun doute, les jeunes femmes auxquelles il s'adresse.