Les films de danse connaissent, en général, un succès impressionnant au Québec - 7 parfois 8% des recettes cumulatives nord-américaines sont amassés chez nous, et on parle de plus de 65% dans le cas du premier Streetdance; un film britannique, il faut le préciser. Si Streetdance 2 atteint les 800 000 $ au box-office, comme son prédécesseur l'a fait, ce ne sera pas pour la qualité et l'inventivité de son ensemble. Le long métrage s'avère un ramassis à peine crédible de clichés et d'incongruités qui nous font oublier rapidement les quelques trouvailles esthétiques des artisans, mais parce que quelques séquences de danse sont fort respectables et, comme c'était le cas avec Step Up 3, nous avons droit à l'un des plus beaux 3D depuis Avatar de James Cameron. La technologie n'est pas, à proprement parler, utile à la narration et n'apporte rien de vraiment tangible au film européen, mais d'un point de vue strictement visuel, l'effet est méritoire.
Comme c'est souvent le cas avec ce genre cinématographique (les films de danse), on se demande pourquoi on s'entête à raconter toujours la même histoire, pourquoi les scénaristes se butent-ils à composer continuellement avec les mêmes balises, les mêmes idéaux, les mêmes messages? On a ajouté à tous ces poncifs une narration qui ne fait que surcharger et débiliter l'ensemble du film. Le public n'a pas besoin d'une voix qui lui explique où est rendue l'histoire, il est suffisamment intelligent pour comprendre grâce aux images et aux interactions des personnages. Comme si ce n'était pas suffisant, on a décidé d'additionner à cette voix off encombrante un humour préscolaire de pet de chèvres, de piments forts et de batailles d'oreillers.
La danse fusion (qui consiste à mélanger deux styles pour en faire un nouveau) est évidemment un bon point de départ pour ce genre de film; on prend deux personnages qui viennent de milieu différents et on s'amuse à amalgamer les deux univers à prime abord hétéroclites. Le problème, c'est que presque tous les mélanges possibles ont déjà été faits et que le procédé commence à être rouillé à force d'être manipulé par tant d'instances. Dans Streetdance 2, on marie la danse latine avec le free-style, la danse de rue. Même si, malgré son évidence, l'idée n'était pas mauvaise, on ne semble jamais l'assumer entièrement. On nous présente plusieurs chorégraphies des deux styles séparément, mais rien ne nous prouve que cet hybride était une bonne hypothèse au départ. Même la séquence finale, censée nous éblouir par son originalité, ne dévoile aucunement les capacités artistiques du « nouveau » genre.
La plupart des scènes de danse sont, en fait, assez insipides. Peut-être est-ce la manière dont elles sont filmées - saccadées, convulsives, inégales - qui nous donne cette impression de banalité, mais il n'y a rien de plus impressionnant dans Streetdance 2 que dans un épisode d'une heure de America's Best Dance Crew (Danse ou crève dans sa version française). L'amourette entre les deux protagonistes frôle, elle aussi, le ridicule. Le spectateur n'en a rien à faire de ces deux danseurs (j'ai bien dit danseurs et pas acteurs) qui tentent de se conquérir sous des dialogues insupportables comme « danse avec ton coeur » et « il faut savoir partager ».
À quand un film de danse original? Parce que ce n'est pas qu'il n'y a pas de potentiel dans le sujet; la danse est un art riche qui n'a étrangement (malgré toutes les productions qui pilonnent nos écrans) pas encore été exploité de manière juste. Mais tant qu'on s'entêtera à construire des personnages aussi peu profonds et des trames narratives aussi stéréotypées, le « film de danse » ne pourra que décevoir ses fidèles (qui le seront de moins en moins).
La plupart des scènes de danse sont, en fait, assez insipides. Peut-être est-ce la manière dont elles sont filmées - saccadées, convulsives, inégales - qui nous donne cette impression de banalité, mais il n'y a rien de plus impressionnant dans Streetdance 2 que dans un épisode d'une heure de America's Best Dance Crew.
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