Les attentes étaient – et sont toujours – aussi grandes que l'univers pour ce dernier chapitre de la saga Star Wars. Quoi qu'on en dise, Lucas a réussi à accorder au goût du jour cette mythologie vieille de près de 30 ans, et il fait des étincelles. Un film qui le réconciliera avec ses fidèles à cause de sa valeur symbolique et de sa qualité de création, un film qui marque la fin des hostilités, l'entre-deux guerres, le début de la fin.
Après deux opus douteux, puérils et unanimement rejetés par la critique, George Lucas revient en force avec La revanche des Sith. Un film puissant, qui ne se libère pas des défauts habituels des films du réalisateur, mais qui s'avère l'un des plus efficaces véhicules de science-fiction des dernières années, qui s'avère le film auquel les amateurs avaient droit. Rigoureux, complet, prenant.
Pendant qu'Obi-Wan Kenobi part à la recherche du Général Grievous, chef de l'armée Séparatiste, le jeune Jedi Anakin Skywalker est personnellement assigné au chancelier Palpatine, qui continue d'augmenter sa puissance au Sénat. Bientôt, Palpatine dévoilera sa vraie nature au jeune Skywalker - troublé par des visions de la mort de sa femme - l'entraînant dans les méandres du côté obscur de la Force, et faisant naître de ce fait le puissant Darth Vader.
On retiendra d'abord de La revanche des Sith son rythme effréné, rapidement installé et jamais relâché, qui captive et qui ajoute à la force dramatique des événements qui se dessinent sous nos yeux. L'action est soutenue sur plusieurs planètes à la fois, et les combats alternés se construisent minutieusement pendant que le Sénat tombe aux mains de l'Empereur Palpatine. La présence des Wookies et de Chewbacca, même très limitée, pourra en amuser plusieurs, tout comme Yoda, qui se bat, encore une fois, entièrement animé par ordinateur.
Le film comporte plusieurs scènes à grande portée, aperçues dans la bande-annonce, qui sont grandiloquentes. Il ne pouvait en être autrement, trop de choses avaient à être expliquées. Elles ne le sont malheureusement pas toutes, le mystère plane toujours sur certains détails. Lucas fait dans le tragique, et c'est mémorable. La chute d'Anakin Skywalker vers le côté obscur est minutieuse, peut-être exagérée par moments, mais très pertinente. Peu de scènes dans l'histoire du cinéma ne se devaient d'être plus réussies. Des gens meurent, d'autres naissent, des destins vieux de 28 ans sont rétroactivement influencés par des gestes, des paroles qui sont tout sauf banals. Il leur fallait une musique bien appuyée, et le vétéran compositeur John Williams livre la marchandise avec ses airs grandioses et vaguement militaires.
Il faut avouer, malheureusement, que les coups de théâtre se font très rares et qu'il n'y a rien pour désarçonner les amateurs au fait de l'univers Star Wars. Ce qui doit arriver arrive, mais rien de plus. Lorsque la transformation se termine – personne ne sera étonné d'apprendre qu'Anakin devient Darth Vader – et que Vader enfile son costume, l'effet est saisissant, même si le méchant meugle un misérable « Nooooonnn! ». Une regrettable fausse note.
La direction d'acteur n'a jamais été la force de George Lucas, mais La revanche des Sith note une importante amélioration. Ewan McGregor est efficace, plus mature, tandis que Hayden Christensen est particulièrement compétent dans son double-rôle - il est surtout crédible - tandis que Ian McDiarmind, en chancelier, est terrifiant, grandiose, et particulièrement assuré. Au contraire, Natalie Portman semble un peu abandonnée par le réalisateur et son scénario qui lui offrent un rôle de deuxième ordre, miné par des dialogues incertains. Ils semblent minimiser son importance, et c'est une erreur.
La revanche des Sith réunit les meilleurs éléments de la saga Star Wars, et parvient à éviter – ou à amenuiser au moins - la majorité de ses défauts. Le jeu d'acteurs incertain et les dialogues suspects passent inaperçus derrière l'évidente maturité du film, derrière cette puissance dans les confrontations. Le bien et le mal s'affrontent depuis toujours au cinéma, mais cette bataille restera probablement un point tournant à cause de sa portée mythologique. Le risque était énorme, la trilogie originale avait besoin de La revanche des Sith pour prendre un second souffle après deux films indignes qui auraient dû être des textes déroulants avant celui-ci.
Un travail complet, cette fois, qui saura plaire aux amateurs comme aux non-initiés. Il l'avait presque perdue, mais Lucas vient de préserver sa place dans l'histoire du cinéma parce qu'il a fait un film mémorable, avec des combats inoubliables qui n'ont pas de comparaison dans l'univers Star Wars. Sauf, peut-être, l'affrontement Darth Vader/Luke Skywalker dans L'empire contre-attaque. Le début de la fin, comme je disais.
Les attentes étaient ? et sont toujours ? aussi grandes que l'univers pour ce dernier chapitre de la saga Star Wars. Quoi qu'on en dise, Lucas a réussi à accorder au goût du jour cette mythologie vieille de près de 30 ans, et il fait des étincelles. Un film qui le réconciliera avec ses fidèles à cause de sa valeur symbolique et de sa qualité de création, un film qui marque la fin des hostilités, l'entre-deux guerres, le début de la fin.