Vu au Festival du film de Toronto. Pour voir des images de la première, cliquez ici.
Spotlight s'intéresse à un reportage que des journalistes du Boston Globe ont réalisé au début des années 2000 sur la pédophilie des prêtres catholiques. Un article qui leur a d'ailleurs valu un prestigieux prix Pulitzer. Cette histoire en est une tellement forte que le film qui la dépeint n'a pas besoin de beaucoup d'artifices pour exceller. On pourrait même dire qu'au contraire, un réalisateur qui aurait cherché à apposer sa patte de manière trop évidente aurait teinté négativement le résultat final. Heureusement, Thomas McCarthy a su faire preuve de prudence et de modestie et a laissé toute la place aux acteurs afin que ces derniers donnent vie à ces personnages plus vrais que nature.
Chacun d'eux fait d'ailleurs un travail exceptionnel afin de transmettre l'émotion qui se dégage de cette histoire vraie. Par moment, on même l'impression d'être en plein coeur d'un thriller psychologique tellement le montage et l'interprétation des comédiens sont intenses, carabinés et transcendants. Mark Ruffalo, Michael Keaton et Rachel McAdams sont ceux qui ressortent le plus brillamment, mais Liev Schreiber, Brian d'Arcy James et Stanley Tucci, bien que moins au premier plan de l'action, permettent au film de s'élever à son statut de chef-d'oeuvre.
Le long métrage nous permet également une irruption pertinente dans les coulisses de l'élaboration d'articles de fond au sein d'une équipe de journalistes d'investigation. On croit aux images qui nous sont présentées. Les scénaristes n'ont pas joué la carte de la romance ou du sensationnalisme pour charmer son public. Ils s'en sont tenus aux faits, et à eux seuls ils sont suffisants pour engendrer profondeur et intensité.
Comme on nous présente l'histoire que du point de vue des journalistes, le film ne tombe jamais dans le misérabilisme ou le mélodrame. Pas de flashbacks d'enfants violés ou de prêtres descendant leur braguette ici, que des témoignages de victimes et des spéculations immorales. Spotlight comprend aussi, de ce fait, beaucoup de dialogues, beaucoup de rencontres formelles entre différentes instances, mais chacune d'elles apporte une couche d'informations supplémentaires à l'enquête, qui nous propulse au-devant de notre siège, nous rendant anxieux de voir les pervers exposés au grand jour et les victimes victorieuses.
Ce film démontre aussi la ferveur des journalistes et leur désir de faire éclore la vérité. Il démontre les travers d'un métier compromettant, et le pouvoir dont bénéficiait l'Église catholique à une certaine époque. Le sujet dont traite le drame - les prêtres pédophiles et l'ubiquité pernicieuse de l'Église - saura certainement engendrer des conversations dans les foyers (considérant, de surcroît, son état « d'actualité »). Spotlight est certainement l'un des meilleurs films de l'année, et se retrouvera très certainement aux Oscars en 2016.