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Placebo
Certains vont se dire qu’ils ont déjà vu le nom du réalisateur de « Spiderhead » récemment sur les écrans et ils auront raison. En effet, Joseph Kosinski est aussi celui qui a mis en scène le gros carton en salles du moment, en l’occurrence le blockbuster où brille Tom Cruise : « Top Gun, Maverick ». Et cette simultanéité de sorties quasi parfaite est due aux multiples reports en salles dudit film suite aux mesures sanitaires. La Paramount a préféré attendre d’avoir un ciel cent pour cent clément à l’horizon pour lâcher son bolide et elle a eu raison vu le succès qu’on lui connaît. Tourné il y a près de quatre, le film aurait dû sortir il y a deux ans déjà, le temps à Kosinski de tourner un autre film. Que voilà. Et on peut clairement affirmer que ce « Spiderhead » est une déception quand la suite tardive des aventures de Maverick a été une bonne surprise nostalgique pour beaucoup. Certes, cette production Netflix peut capitaliser sur la curiosité du spectateur, cristallisée par l’originalité excitante de son postulat, mais elle loupe dans les grandes largeurs l’appellation de bon film et encore plus de classique de la science-fiction/anticipation. En effet, c’est l’adaptation d’une nouvelle acclamée par la critique littéraire il y a dix ans mais dont le résultat à l’écran s’avère tout juste sympathique mais surtout bien trop lisse, formaté et prévisible au vu du sujet. Comme si ce long-métrage était passé à la moulinette Netflix mais du mauvais côté du panier, celui des films interchangeables et sans âme. Mais avec un budget pareil (car le film tout de même coûté la coquette somme de 100 M$ et on se demande vraiment pourquoi!). On est donc loin du versant auteur et plus appliqué vers lequel aime se diriger la plateforme avec bonheur parfois (comme les géniaux « Marriage Story » ou « Don’t look up »). Ce n’est certes pas un navet, on a connu bien pire, et le film regorge autant de qualités que de défauts mais il ne restera pas dans les annales, c’est sûr.
Du côté des bonnes choses on peut citer une bande originale très années 80 du meilleur goût et qui parfume le récit d’une certaine ironie bienvenue. On peut également compter sur le talent de Kosinski pour soigner ses images. C’est ce qu’il fait encore ici en mettant en valeur l’étrange décor de ce bunker sur une île exotique tout en cadrant ses plans avec le touché esthétique qu’on lui connaît. Sa mise en scène glacée et très travaillée est en parfaite adéquation avec le sujet. Les prestations de Chris Hemsworth et Miles Teller sont satisfaisantes sans pour autant être renversantes mais on est plutôt dans le positif. En outre, si « Spiderhead » a bien du mal à décoller, pour ne pas dire ennuyer dans sa première partie, la seconde moité est peut-être plus classique mais bien plus captivante. Car le problème du long-métrage est son rythme poussif voire chaotique, entre précipitation et surplace. Il manque également de contextualisation. Que ce soit concernant le groupe pharmaceutique, ce qui a permis à ses prisonniers de bénéficier de ce programme, de ses substances injectées, ... Beaucoup de choses restent sans réponse, manquent de développement ou ne semblent pas vraiment intéresser les scénaristes. Et dans un tel huis-clos psychologique, c’est un petit peu gênant, frustrant même. D’autant plus avec un sujet en or comme celui-là. En effet, un postulat alléchant de la sorte méritait bien plus de folie, d’ampleur et de maîtrise. Cela aurait pu déboucher sur un classique du film d’anticipation et on se retrouve avec une série B de luxe classique voire prévisible, qui ne surprend jamais jusque dans son dénouement. Bref, on peut circuler, il n’y a pas grand-chose à voir, malheureusement.
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