Après les émotions fortes d'Avengers: Endgame, la légèreté de Spider-Man: Far From Home fait du bien, même s'il s'agit d'un épisode négligeable de l'univers cinématographique Marvel.
La planète a été sauvée, des héros sont disparus et la vie continue. Pour Peter Parker, c'est l'occasion de renouer avec son existence d'adolescent. Celle où l'école est l'endroit de prédilection pour rire et s'amuser. C'est justement ce que propose ce 23e film de cette lucrative franchise. C'est l'été, il fait chaud et rien n'est à prendre au sérieux. Surtout pas lors de vacances scolaires en Europe. Les situations ludiques et frivoles sont prétextes à faire sourire et il y a de l'amour dans l'air. Bien qu'aucune chimie n'existe entre notre protagoniste et Zendaya, cela n'empêche pas le principal intéressé d'essayer et d'espérer. La romance coule à flots, avec beaucoup plus de fluidité et de bonheur que dans le précédent et décevant Homecoming.
Dommage que Spider-Man, l'alter ego de notre héros, ne l'entende pas ainsi. Il est en pleine crise existentielle depuis la disparition d'Iron Man, hésitant à devenir son héritier. Sans être aussi saisissant que dans l'excellent Spider-Man 2 de Sam Raimi, ce conflit identitaire se règlera lors de quelques scènes hallucinantes avec, évidemment, une tonne de miroirs et de doubles. Une évolution psychologique qui aurait certainement pu se régler en quelques minutes avec un bon thérapeute. Au moins, son interprète Tom Holland se donne à fond, livrant sa prestation la plus juste et sensible depuis qu'il arbore le masque de l'homme-araignée.
Le scénario à la fois ingénieux et prévisible aborde des pistes probantes sur les illusions et la croyance, décidant toutefois de toujours demeurer en surface. L'important n'est pas tant de développer un long métrage en bonne et due forme ou une suite qui se tienne, mais d'ériger une nouvelle pierre à une saga qui repousse sans cesse les limites du box-office. Tout est donc sacrifié pour mettre de l'avant les réjouissants clins d'oeil et les liens subtils envers la série, jusqu'à ces deux moments cachés pendant le générique final, aussi satisfaisants qu'invraisemblables.
Puis il y a ces scènes d'action, abondantes et inévitables. Cela n'a jamais été la tasse de thé du cinéaste Jon Watts, qui ne s'est guère amélioré depuis Homecoming. L'unité et la cohésion de ces séquences font souvent défaut. Sa réalisation manque parfois de souffle et la qualité franchement inégale des effets spéciaux déçoit, surtout devant les moyens financiers considérables mis en oeuvre.
Au moins il y a le casting raffiné pour momentanément faire oublier ce désagrément. Jon Favreau et Marisa Tomeil passent leur temps à se courtiser avec délectation, alors que Samuel L. Jackson forme un incroyable duo comique avec Tom Holland. Les acteurs adolescents sont plus tolérables que sur le précédent tome et Jake Gyllenhaal fait bonne impression malgré les conventions de son personnage, ne sombrant jamais dans le ridicule comme un certain Venom.
C'est sûr et certain qu'après le mémorable Into the Spider-Verse, Spider-Man: Far From Home ne fait pas la meilleure des impressions. Ces nouvelles aventures s'avèrent beaucoup plus quelconques. Il est néanmoins possible d'en tirer un certain plaisir, surtout devant la fadeur des superproductions estivales. Maintenant, la quatrième phase de l'univers cinématographique Marvel peut enfin commencer...