Spencer relate des suppositions, des hypothèses sur ce qui aurait pu se passer lors de ces fameuses fêtes de Noël au domaine Sandringham en 1991. Le scénariste Steven Knight a fait des recherches sur cette période et sur les traditions de la famille royale, mais la vérité reste cachée derrière les portes closes du château. Il a donc dû imaginer la réalité. Le résultat? Une fable gothique fascinante, entre drame et épouvante.
Parce que oui, le cinéaste Pablo Larraín a joué avec les codes de l'horreur et du suspense pour dépeindre la détresse de Diana. On plonge dans l'affliction de la princesse entre autres grâce à une image brumeuse et inquiétante et une trame sonore omniprésente, obnubilante. On a même droit à des scènes d'horreur plutôt concrète, notamment lorsque, pendant un souper somptueux, la protagoniste s'imagine avaler les immenses perles de son collier tombées dans sa soupe ou quand elle navigue dans les couloirs froids du domaine de Sandringham, qui rappelle l'hôtel Overlook dans The Shining. Diana reçoit aussi ponctuellement la visite d'un fantôme, celui d'Anne Boleyn, exécutée par décapitation sous ordres de son mari le roi Henri VIII en 1536. Le film nous plonge dans un état angoissant duquel nous ne sortons que lors de la présentation du générique final.
Outre la réalisation déroutante, Spencer doit sa réussite à son actrice principale Kristen Stewart, saisissante dans le rôle d'une femme dont la vie part en vrille. On oublie complètement qu'il s'agit d'une comédienne, on croit être en présence de la vraie Diana. Elle lui ressemble, certes, mais cela va au-delà du physique, elle témoigne d'une fragilité, d'une grâce et d'un mal-être puissant qu'on s'imagine bien être celui de la princesse de Galles à ce moment de sa vie. Timothy Spall s'avère également fascinant sous les traits du Major Gregory, chargé d'épier Diana dans tous ses déplacements. Sally Hawkins, qui interprète la seule confidente de l'héroïne, se révèle, elle aussi, exquise. Pour tout dire, l'ensemble de la distribution est irréprochable.
La direction artistique ne manque pas de prestance non plus. Les décors majestueux et les tenues élégantes de Diana nous en mettent plein la vue. Spencer fait partie des meilleurs films de l'année. Il n'est pas pour tout le monde, vu sa lenteur et son ambiance claustrophobe, mais il saura émouvoir, voire ébranler, celui qui s'y plie.