Ça fait des années qu'Hollywood cherche à développer un remake français d'Intouchables, cet immense succès de 2011 qui mettait en vedette Omar Sy et François Cluzet. Paul Feig devait le réaliser, avec selon l'époque Chris Rock, Jamie Foxx, Idris Elba et Colin Firth.
On retrouve finalement dans les rôles principaux Kevin Hart et Bryan Cranston. Ce duo improbable est d'ailleurs ce qui se démarque au sein de ce long métrage. Habitué aux personnages de chien jappeur un peu énervant, Hart s'amuse comme un petit fou, montrant par moment une facette plus sobre de son jeu. Apparaît devant lui Cranston, noble dans la peau d'un quadraplégique milliardaire et bourru. La bromance ne tarde pas à faire des flammèches.
Le spectateur n'est cependant pas dupe et il remarquera assez rapidement que le bateau prend l'eau de tous les côtés. Le scénario beaucoup trop fidèle à la version originale révèle bien peu de surprises. La sensation est grande de se faire servir une gomme déjà mâchée, extraite de toute sa saveur. Un peu d'humour quelconque et répétitif par-ci, des bons sentiments à la tonne par-là, avec un soupçon de morales collantes.
Son modèle comportait déjà tous ces défauts. Sauf qu'il possédait un surplus de charme pour faire oublier son récit conventionnel et ses élans racistes. Cette nouvelle version ressemble davantage à une peinture à numéros, appliquée mais sans âme et sans trace de vie, qui ne méritait certainement pas de s'étirer sur plus de deux heures. Si en plus on a enlevé les meilleurs gags de la version précédente...
Ce sont les rares fois que le film s'éloigne des sentiers balisés qu'il trouve son mérite d'exister. Un fils et une famille ont été ajoutés à ce pauvre héros délinquant qui cherche une deuxième chance. Alors que son employeur aura finalement la chance de rencontrer et échanger avec une prétendante, ce qui donne une séquence délicate où l'émotion fonctionne plutôt bien.
Ce qui manque également est une quelconque vision de cinéma. Le travail passé de Neil Burger est loin d'être négligeable (Divergent, Limitless et The Illusionist sont imparfaits mais globalement intéressants). Il paraît cependant ici complètement dépassé par les événements, plus intéressé à multiplier les mélodies usuelles qu'à soigner sa mise en scène et sa direction photo, particulièrement hideuse. Et quelle drôle d'idée de faire appel à des pointures telles Nicole Kidman et Golshifteh Farahani si c'est pour leur faire incarner des individus aussi superficiels.
Le cinéma américain n'a jamais eu la cote pour le remake français (pour un 12 Monkeys, il y a dix Diabolique) et le sort s'acharne cette fois sur The Upside, un produit à consommation rapide, vite digéré et oublié. Tout aussi quelconque que la version argentine parue en 2016 sous le nom d'Inseparables, cette variation a beau montrer Kevin Hart et Bryan Cranston en pleine possession de leurs moyens, elle donne surtout le goût de revoir le seul et unique Intouchables.