Qu'allait bien pouvoir proposer Parker Finn avec Sourire 2 (Smile 2) qu'il n'avait pas déjà fait dans l'opus original, sorti en 2022?
Réponse : un film moins fade et beaucoup plus efficace.
Blague à part, Smile 2 ne renouvelle aucunement la prémisse tournant autour d'une infection virale de l'esprit par une entité malveillante déjà proposée lors du premier tour de piste - et un nombre incalculable de fois depuis Ringu. Le réalisateur calque carrément la trame narrative de l'épisode précédent, mais en prenant cette fois-ci pour sujet - et principale victime - une pop star déjà aux prises avec son lot de démons intérieurs.
Déjà, la chanteuse Skye Riley (interprétée par une Naomi Scott totalement investie) se révèle une protagoniste beaucoup plus substantielle que la psychologue renfermée de Smile - et un personnage avec lequel le cinéaste se permet enfin de s'amuser à sa guise.
Le récit de Smile 2 débute six jours après la fin du premier film, alors que Joel (Kyle Gallner) tente un ultime stratagème pour la bonne cause (lire ici : sauver sa propre vie) en sacrifiant au passage quelques revendeurs de drogue.
Mais Joel n'étant pas le pingouin qui glisse le plus loin, la tentative échoue lamentablement, et notre force démoniaque se nourrissant des traumatismes d'autrui trouve le moyen de poursuivre sa chaîne de victimes jusqu'à la pauvre Skye.
Notre monstre aux multiples sourires n'aurait d'ailleurs pu choisir pire moment pour mener la vie dure à cette dernière, elle qui tente ces jours-ci un retour sous les projecteurs, un an après l'accident de la route qui a coûté la vie à son petit ami. Cette nouvelle tournée représente l'accomplissement d'un long chemin de croix, au cours duquel Skye est aussi parvenue à mettre ses problèmes de dépendance derrière elle.
Si Smile 2 nous fait suivre sensiblement le même parcours sur le plan dramatique, c'est une tout autre histoire au niveau formel, alors que Parker Finn tient plus que jamais à faire l'étalage de tous les tours qu'il a dans son sac.
Du plan-séquence de la scène d'ouverture aux mouvements de caméra circulaires répétés ad nauseam, Finn ne lésine jamais sur les effets de style. Mais le principal intéressé tire aussi allègrement profit des décors et des éclairages flamboyants, tout comme des gestes brusques ou impulsifs de ses personnages, pour donner plus de fougue et d'éclat à sa mise en scène, et ce, tout en embrouillant les sens de Skye - et les nôtres par la même occasion.
À cet égard, le réalisateur se plaît une fois de plus à nous placer dans une constante position d'anticipation par l'entremise de mouvements de caméra défiant certaines des mécaniques les plus usées du genre.
La direction d'acteurs est aussi beaucoup plus assurée cette fois-ci, alors que Naomi Scott a énormément de matière avec laquelle travailler dans des séquences inspirant autant de rires que de malaises et d'effroi. Finn se permet, d'ailleurs, de marquer plusieurs pauses durant la première moitié du film afin de concentrer pleinement notre attention sur certaines interactions entre Skye et ses proches. Des moments qu'il capte de manière aussi posée que frontale, sans support musical, afin de laisser toute la place à ses interprètes.
Si le tout tend à saccader un tantinet le rythme durant le premier acte, Finn se rattrape en sortant le grand jeu durant la seconde moitié de son scénario, entraînant sa protagoniste dans une spirale mentale infernale d'une manière aussi haletante que divertissante.
Si nous ne devons, certes, pas nous attendre à quelque chose de très étoffé en ce qui a trait au développement des principaux thèmes du récit - en particulier ceux touchant de près ou de loin à la santé mentale -, Smile 2 a tout de même le mérite de s'éloigner du cas de figure trop peu subtile de son prédécesseur pour bâtir un personnage étoffé, imparfait et complexe, par l'entremise duquel le maître de cérémonie livre également un discours suffisamment sensé sur l'envers et les revers de la célébrité.
Le fait que cette descente aux enfers se déroule dans la sphère publique rend l'ensemble d'autant plus prenant, considérant la pente abrupte que le personnage principal tentait déjà de remonter par tous les moyens.
S'il joue un peu trop de prudence et ne réserve que très peu de surprises, Parker Finn parvient étonnamment à livrer une suite supérieure à tous les niveaux, proposant au passage un lot suffisant de séquences cauchemardesques aussi relevées qu'inspirées.
Au point où nous pourrions considérer Smile 2 comme un deuxième essai plutôt qu'une suite à proprement parler.