À bien des niveaux, Ghostbusters: Frozen Empire est le film que les fans de la franchise attendent depuis plus de trente ans. Revoir l'Ecto-1 déambuler dans les rues de New York, redécouvrir les moindres recoins de la mythique caserne de pompier, réentendre les sons incomparables des packs de protons...
Et comme dans Ghostbusters: Afterlife, le tout est mis en scène avec énormément d'amour et d'égard pour la matière originale.
Ceci étant dit, Frozen Empire n'est pas qu'un simple appât pour les nostalgiques. Au scénario, Gil Kenan et Jason Reitman prennent énormément de risques, explorent de nouvelles avenues et bâtissent sur ce qui a déjà été érigé.
Malheureusement, Frozen Empire est aussi la confirmation que les qualités du premier film ne pourront probablement jamais être recréées à la hauteur des espérances.
Le duo a été on ne peut plus clair sur le fait qu'il s'était largement inspiré de la série animée The Real Ghostbusters pour ce nouvel opus. Et le résultat final donne définitivement cette impression, avec une nouvelle enquête surnaturelle, de nouveaux gadgets et une énième menace apocalyptique devant être mise hors d'état de nuire.
Le tir a également été corrigé par rapport à ce qui avait été reproché à Afterlife, alors que le présent long métrage ne lésine par sur l'humour et les scènes d'épouvante, donnant lieu à autant de moments de tension efficaces et bien amenés que de gags aussi inattendus qu'hilarants. Kumail Nanjiani se révèle d'ailleurs un ajout notable à ce niveau, dominant la plupart des séquences dans lesquelles il apparaît.
La progression de l'intrigue principale est menée tambour battant, donnant autant aux fans de la première heure qu'aux spectateurs lambdas un divertissement tout à fait enlevant.
À la réalisation, Kenan orchestre nombre de séquences impressionnantes et dignes de ses prédécesseurs, dont l'excellente scène d'ouverture nous ramenant au début des années 1900.
Malheureusement, Kenan et Reitman ont aussi tendance à s'éparpiller et à avoir les yeux plus gros que la panse, accumulant les sous-intrigues et les personnages à un rythme effarant.
Et ce n'est pas tant que les protagonistes sont mal développés. Après tout, la cohésion de groupe a toujours primé dans Ghostbusters. Mais il n'était absolument pas nécessaire de ramener tous les personnages d'Afterlife, en plus d'en introduire de nouveaux.
Disons simplement que l'ensemble aurait gagné à être (beaucoup) plus épuré.
Sans compter que le dernier acte - beaucoup trop simplet - ne peut que décevoir après une montée dramatique qui nous laissait espérer un affrontement final à la hauteur de ceux des deux premiers épisodes, et même plus encore.
D'ailleurs, Ghostbusters est à la base une franchise dont les héros sont des « cols bleus » combattant des forces surnaturelles à l'aide d'un équipement que ces derniers ont conçu et assemblé de leurs propres mains.
De voir des éléments magiques participer ici à la résolution de la trame principale est donc un tantinet agaçant.
Néanmoins, une chose que Kenan et Reitman gère de main de maître, c'est la rencontre et la complémentarité entre les deux générations de personnages qu'ils mettent en images.
Dans une courte scène particulièrement prenante, Ray Stantz (Dan Aykroyd) explique à Winston Zeddemore (Ernie Hudson) pourquoi il a envie de poursuivre cette folle aventure, même à son âge vénérable.
Une séquence empreinte de respect contrastant certainement avec plusieurs productions s'étant récemment affairées à traîner dans la boue des héros issus d'une autre époque (n'est-ce pas, Disney?).
Dan Aykroyd et Paul Rudd se distinguent d'ailleurs au coeur d'une distribution tout à fait efficace, de par leur enthousiasme contagieux, mais aussi dans les moments où leur personnage respectif a la chance de faire preuve de bienveillance.
Il y a ainsi beaucoup à apprécier dans Ghostbusters: Frozen Empire, mais aussi trop d'éléments inutiles et superflus qui auraient pu, voire dû, être abandonnés ou modifiés au moment de l'écriture.
Si ces irritants ne sont pas suffisants pour nous faire bouder notre plaisir, ils empêchent tout de même Ghostbusters: Frozen Empire d'être à la hauteur du premier épisode, et même du second.