Il n'y a probablement rien de pire que de voir un souvenir d'enfance se faire massacrer par une suite indigeste ou une réinitialisation grotesque. C'est arrivé à tant de grands films d'être traînés dans la boue par un désir mercantile de reproduire ce qui fut afin de s'en mettre plein les poches au passage. Le plus récent exemple est Ghostbusters.
Pourtant cette nouvelle production est mise en scène par Jason Reitman, le fils d'Ivan qui a réalisé les deux premiers longs métrages. S'il en est un qui est censé connaître l'essence de cette franchise, c'est bien lui. Capable du meilleur (Juno) comme du pire (Men, Women & Children), fiston ne prend même pas la peine d'essayer, abdiquant pour suivre la voie de la facilité.
L'époque est à la nostalgie et ce nouveau volet en incarne le pire exemple possible. Celui qui ne peut exister sans le passé, qui se contente de multiplier les hommages et les clins d'oeil sans avoir de réelle vision, d'identité propre, d'âme. Le comble lorsqu'il est questions de fantômes et de revenants. Tant mieux pour les fans si on ramène les personnages originaux et la célèbre musique, qu'on répète les situations et les dialogues. Mais à quoi cela peut bien servir si l'intérêt ne dépasse pas le petit quart d'heure? C'est sans doute suffisant pour voir les progénitures guimauves de Bibendum Chamallow s'amuser entre elles. Sauf que cette séquence n'apporte absolument rien au récit et elle semble tout droit sortie des Gremlins.
Non content de refaire presque de A à Z l'oeuvre culte de 1984, Ghostbusters: Afterlife n'hésite pas non plus à usurper le fond de commerce de Steven Spielberg, de Close Encounters of the Third Kind à Jurassic Park. On se croit parfois même devant les Goonies, Super 8 ou la série Stranger Things, sans savoir s'il faut prendre le tout au sérieux ou au second degré en riant un bon coup.
Le scénario de Jason Reitman et de Gil Kenan (à qui l'on doit notamment Monster House et le tiède remake de Poltergeist) ne fait toutefois pas dans la demi-mesure, jouant la carte de la simplicité ou de la naïveté. L'intrigue est lisse et superficielle avec ses personnages qui n'évoluent jamais. L'humour peine à s'imposer aux côtés de moments peu effrayants et de séquences d'action platement filmées, aux effets spéciaux guère convaincants. Jusqu'à cette finale qui verse dans le kitch et qui annonce la traditionnelle suite. Au moins, la direction photo s'avère jolie, ce qui est bien peu.
Quelle chance que les acteurs ne s'en laissent pas imposer! Peut-être pas Carrie Coon (The Nest) qui est nettement plus à l'aise dans un registre dramatique ou Paul Rudd qui semble condamné à toujours jouer du Paul Rudd. Mais certainement la jeune McKenna Grace (aperçue dans Malignant) qui vole toutes ses scènes grâce à son charisme et sa force tranquille. Enfin un véritable modèle pour les préados intellos! Chez les vétérans, Bill Murray demeure comme toujours truculent même si on le voit trop peu (à ce chapitre, il faudra rester jusqu'à la fin du générique) et l'ombre du regretté Harold Ramis plane partout. Face à tous ces gentils, il n'y a aucun réel méchant qui s'impose, aucun spectre menaçant puisque la plupart ressemblent aux diaboliques oncles de Casper.
Après la mésestimée version féminine qui mettait en vedette Kristen Wiig et Melissa McCarthy, place à son pendant pour enfants qui réduit toute la créativité, l'absurdité (et la vulgarité, 2021 oblige) à néant, se contentant de seulement piller ce qui a été fait, de copier/coller sans réfléchir outre mesure. Comme héritage à une nouvelle génération de cinéphiles, c'est raté.