Au cinéma comme dans la vie, les gens qui ont l'air intelligent ne le sont pas toujours, et vice versa. Il y a longtemps que Danny McBride (The Foot Fist Way, Pineapple Express) a cessé de même essayer d'être l'un, ou l'autre, dans ses films. Et Your Highness est peut-être, en ce sens, sa plus belle réussite. Parce que derrière ce niveau très élévé de stupidité et de vulgarité, se cache une compréhension du genre et des codes qu'il fait bon de voir à l'écran. Les insultes/jurons/références sexuelles sont peut-être « gratuites », mais elles ne sont pas, règle générale, « fortuites ». Il y a un véritable désir de provoquer, et on le sent.
Bien sûr, les blagues vont parfois trop loin (on ne sait quoi penser, ni s'il faut rire, d'un sous-entendu de viol d'enfant par un voyant pervers), mais cela fait partie du jeu : il y a tellement de tentatives qu'il est normal que certaines ratent la cible. Celles qui nous intéressent, ce sont les blagues qui fonctionnent. C'est lorsque le film manipule les attentes du spectateur par rapport au genre qu'il est le plus stimulant et le mieux réussi; ce mélange de quêtes, d'honneur, de prophéties et de batailles épiques nous est familier au cinéma, de le rendre plus corrosif s'avère rafraîchissant et stimulant. Mais Your Highness n'est pas hilarant, il est drôle. C'est déjà pas mal.
Un des problèmes est que la plupart des blagues sont répétées de nombreuses fois et qu'elles en perdent de leur efficacité. On ne compte plus les blagues de fellation, de pénis et d'homo-érotisme au fil du film, et à un certain moment on ne s'étonne plus de voir quelle tournure on aura trouvé pour montrer une érection. L'effet de surprise est moins fort, l'effet comique, du même coup, l'est aussi. Un exemple? Les personnages utilisent un langage totalement anachronique parsemé de jurons contemporains; l'effet est d'abord hilarant (la surprise sans doute). Mais tandis que le film « progresse » (si le mot peut s'appliquer), la répétition dilue le gag qui vient à pâlir.
Mais on ne compte plus non plus les nombreux rires francs qu'offrent les quelques surprises du récit et les performances assumées des comédiens principaux, McBride en tête. James Franco, savamment héroïque, et Zooey Deschanel, délicieusement candide, sont aussi dans le ton. On n'est toujours pas convaincu que Natalie Portman a un talent pour la comédie, cependant, mais elle manie très bien l'arc...
Vrai qu'on espérait davantage, mais c'était sans doute trop demander de la part d'un film condamné, par définition, à être puérile et vulgaire. C'est sa seule raison d'être, et il est en quelque sorte la somme de ce qui s'est fait ces dernières années côté humour. On n'a pas trouvé de nouvelles barrières à repousser. Côté action, on est assez bien servi, même si le rythme aurait gagné à être resserré.
Your Highness ne marquera certainement pas l'Histoire malgré sa créativité débordante et ses nombreuses bonnes idées qui parviennent à étonner, même dans un contexte aussi formaté que le film historique. En fait, c'est justement parce que ces balises existent qu'on peut s'amuser à leurs dépens. La proposition est intéressante, et elle est aussi souvent réussie que ratée.