L'acteur canadien Avan Jogia (qu'on a pu voir notamment dans Resident Evil: Welcome to Raccoon City, Zombieland: Double Tap et la plus récente version de Shaft) nous offre avec Door Mouse son premier long métrage à titre de scénariste et de réalisateur.
Premier constat : le présent opus est probablement le film le plus « années 1990 » que vous aurez l'occasion de voir cette année. L'univers de Door Mouse nous fait visiter des lieux sombres et insalubres, des appartements délabrés, des bars en fin de vie, des quartiers malfamés... Le tout baignant dans une grisaille ambiante qui colle constamment à l'écran comme à la peau des personnages.
Il y a un je-m'en-foutisme totalement assumé dans le style de Jogia, tout comme dans la façon dont il présente et met en scène les différents individus errant dans ce monde où les opportunités se font de plus en plus rares, auxquels il confère d'autant plus l'allure de personnages de dessins animés que nous aurions pu retrouver à une certaine époque dans une des émissions plus matures du réseau MTV.
Mouse (Hayley Law) est une autrice et illustratrice de bande dessinées ayant du mal à faire décoller sa carrière dans le milieu indépendant. Pour arrondir ses fins de mois, elle travaille dans un bar burlesque n'ayant plus qu'une poignée d'habitués en guise de clientèle.
La vie de la jeune femme prend cependant une tournure inattendue lorsque deux de ses collègues disparaissent subitement, forçant Mouse et son ami surnommé Ugly (Keith Powers) à mener leur petite enquête, et à prendre des risques de plus en plus importants.
À partir de ce moment, Door Mouse prend la forme d'un film néo-noir s'affairant à transposer ses principaux codes et archétypes dans un contexte qui leur est habituellement totalement étranger, à commencer pa la narration en voix off exposant constamment les réflexions et les observations de la protagoniste. Un outil dont Jogia prend d'ailleurs un certain temps à faire bon usage.
Le principal problème du film, c'est qu'il concentre beaucoup trop d'énergie sur ses idées formelles et esthétiques, oubliant progressivement d'injecter un peu de mystère et de rebondissements à une intrigue qui n'a pas grand-chose à cacher ni à révéler en bout de ligne.
Il s'agit d'un exercice de style où l'attitude prime, où la mentalité punk rock frôle consciemment la caricature, nous ramenant du même souffle à une époque révolue du cinéma indépendant nord-américain, dont les artisans se permettaient de pousser la note et de nourrir quelques excès en ne se souciant que minimalement de la question du réalisme.
Door Mouse tente de s'imposer comme une attaque en règle contre le système capitaliste, utilisant l'esclavage sexuel comme allégorie d'un monde où les mieux nantis prennent plaisir - et vont même jusqu'à tourner en rituel - leur exploitation des plus vulnérables. Si nous étions pour résumer le discours de l'auteur par l'entremise de sa prose, disons tout simplement que l'expression « se faire fourrer » a ici plus d'une connotation.
Si les nostalgiques d'un certain cinéma y trouveront leur compte sur ce plan, Door Mouse demeure une oeuvre dont il est plus facile d'apprécier les intentions que de savourer le résultat final. Car malheureusement, la plupart des éléments intégrés au récit servent un seul et unique but, et sont rarement approfondis au-delà de leur introduction.
Une curiosité qui avait pourtant le potentiel d'être beaucoup plus que ça.
Door Mouse est disponible dès maintenant en Vidéo sur demande.